Très répandu en Afrique de l’Ouest, le néré est un arbre dont les cosses sont souvent jetées ou brûlées, faute de valorisation.
Architecte de formation et doctorante en développement urbain durable, la Togolaise Josiane Magnouréwa Tossim fait actuellement parler d’elle grâce à « Nérécycle », une innovation aussi ingénieuse qu’écologique, laquelle consiste à transformer les cosses de néré en briques de construction écologiques. Très répandu en Afrique de l’Ouest, le néré est un arbre dont les gousses sont souvent jetées ou brûlées, faute de valorisation.
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Issue de ses recherches doctorales engagées au Centre d’Excellence Régional sur les Villes Durables en Afrique de l’université de Lomé, l’innovation de Josiane entend offrir une alternative locale et peu coûteuse aux matériaux de construction classiques comme le ciment. Pour elle, l’objectif est double : réduire la dépendance de son pays au ciment, un matériau coûteux et énergivore et dont la production contribue à l’émission des gaz à effet de serre, et créer de la valeur économique, sociale et environnementale à partir de ce matériau localement disponible.
À en croire la chercheuse, l’idée de ce projet puise dans les traditions ancestrales dans la mesure où les habitations locales étaient jadis construites en terre. « Nous voulons démontrer que l’innovation peut aussi émerger de nos traditions et de nos terres. Autrefois, nos grands-parents construisaient en terre, et leurs maisons résistaient au temps sans difficulté. Aujourd’hui, bien que cette ressource locale soit abondante, les constructions en terre modernes manquent souvent de résistance », explique-t-elle dans un entretien accordé à la dpa.
« Parallèlement, le ciment reste le matériau le plus utilisé, alors même qu’il est coûteux, énergivore et mal adapté à notre climat chaud. Il devenait donc urgent de réconcilier notre savoir-faire ancestral avec les exigences contemporaines de durabilité », ajoute-t-elle. « C’est dans cette logique que la cosse de néré apporte une réponse pertinente : elle contient des tanins, une texture fibreuse et un potentiel liant qui améliorent à la fois les performances thermiques et mécaniques de la brique de terre. »
Actuellement, Josiane œuvre à établir des partenariats, à définir des stratégies de déploiement et à mobiliser les financements nécessaires pour initier la phase terrain du projet qui est en phase de structuration. Son souhait est de pouvoir exporter « Nérécycle » vers d’autres pays sahéliens, confrontés aux mêmes défis d’habitat, de résilience climatique et d’appauvrissement des ressources.
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En avril dernier, son innovation lui a valu d’être sélectionnée pour représenter son pays au Forum de haut niveau sur le Programme des Centres d’excellence de l’Enseignement supérieur en Afrique (ACE), qui s’est tenu, à Accra, au Ghana. Il s’agit d’un programme panafricain soutenu par la Banque mondiale (BM) pour promouvoir la recherche scientifique appliquée en Afrique.
dpa