Tabac au Togo : une menace silencieuse que l’État veut étouffer

Si les chiffres peuvent sembler contenus, les conséquences, elles, sont dévastatrices. Au Togo, plus de 10 % des hommes adultes sont des fumeurs réguliers, selon une récente enquête de l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ACTA). Derrière ce pourcentage, des milliers de vies sont exposées à des risques sanitaires graves, dans un pays où la lutte antitabac prend un tournant plus offensif.

Une seule cigarette libère plus de 4 000 substances chimiques, dont 300 sont des poisons connus et 50 des agents cancérogènes avérés. Parmi eux : le goudron, la nicotine, le butane ou encore le monoxyde de carbone. Autant de composés qui, jour après jour, détériorent la santé des fumeurs… mais aussi celle de leur entourage.

Un fléau bien connu des médecins

« Une grande partie des patients que nous recevons souffrent de maladies directement liées au tabac », alerte Dr Leleng Simdinatome, directeur du centre médical Vie et santé à Lomé. Il évoque notamment une explosion des cas de cancers, de troubles cardiovasculaires et de maladies respiratoires chroniques. Des pathologies coûteuses et souvent détectées trop tard.

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Une réponse politique audacieuse

Pour freiner cette progression, le gouvernement togolais a doublé, en février 2023, les droits d’accises sur les produits du tabac, passant de 50 à 100 %. Cette décision vise à rendre la cigarette moins accessible, notamment pour les jeunes et les foyers les plus vulnérables. Une mesure saluée, mais jugée insuffisante si elle n’est pas accompagnée d’une stratégie éducative solide.

Informer pour prévenir, prévenir pour protéger

« Il ne suffit pas d’augmenter les taxes. Il faut éduquer », insiste le Dr Simdinatome. Car au-delà d’un simple choix personnel, fumer représente un risque collectif. L’exposition passive, souvent négligée, est responsable de nombreuses complications chez les enfants et les personnes âgées.

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C’est pourquoi des campagnes de sensibilisation sont régulièrement déployées dans les écoles, les lieux de travail et les espaces publics, afin de bâtir une culture nationale de prévention et de vigilance.

En s’appuyant à la fois sur la fiscalité et l’éducation, le Togo trace une ligne claire : faire reculer la consommation de tabac pour mieux protéger la santé publique. Un combat de longue haleine, mais indispensable pour préserver les générations futures de cette dépendance toxique.

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