Pluralisme et professionnalisme : le journalisme togolais au cœur du débat

Le 30 avril 2025, journalistes confirmés et futurs reporters se sont retrouvés en ligne pour échanger autour du thème : « pluralisme médiatique et traitement professionnel de l’information ». Cette initiative, fruit d’un partenariat entre l’OTM et l’Isica, a rassemblé une soixantaine de participants issus des universités publiques du Togo, désireux de penser ensemble le futur du journalisme dans le pays.

La modération a été assurée par le professeur Mawussé Akué Adoté, philosophe et directeur de l’Isica. Deux voix fortes ont porté les réflexions : le professeur Essohanam Batchana, historien, et le Dr Anoumou Amekudji, enseignant-chercheur et responsable du parcours journalisme à l’Isica.

Un pluralisme fragile dans un paysage saturé

En ouvrant le bal, le professeur Batchana a livré un panorama sans complaisance de l’évolution du pluralisme médiatique au Togo. À ses yeux, la diversité des titres ne garantit en rien une véritable indépendance de la presse. Il évoque une illusion de pluralité, notamment dans les années 90, où « sur 51 titres, seuls trois étaient réellement indépendants », alertant sur la mainmise de certains groupes politiques et administratifs sur les médias.
Il a également dénoncé les nombreuses formes de pressions institutionnelles : censures, suspensions, emprisonnements… autant d’entraves à la liberté de la presse malgré une explosion du nombre de titres depuis la libéralisation du secteur. En filigrane : un appel à repenser les conditions de l’indépendance journalistique.

Le journalisme, entre responsabilité et exigence

Le Dr Amekudji a, quant à lui, recentré les discussions sur le rôle du journaliste comme acteur civique. Pour lui, informer ne suffit pas. Il faut informer avec rigueur, objectivité et culture générale. Le journalisme est un métier qui réclame « recherche de vérité, esprit d’analyse et sens du service public ».

Il a mis en lumière les contraintes quotidiennes qui pèsent sur les rédactions : délais serrés, manque de ressources, conflits d’intérêts, tout en insistant sur l’importance pour les journalistes de rester fidèles à leur mission première : éclairer les citoyens, et non les manipuler.

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Un engagement salué et une dynamique à renforcer

En ouverture de la rencontre, Fabrice Petchezi, président de l’OTM, a salué la mobilisation des participants, remercié l’Université de Lomé ainsi que l’Union européenne, partenaire du projet. Il a aussi exprimé le souhait de pérenniser ce type d’initiatives, essentielles pour renforcer la professionnalisation du secteur. « Que cette deuxième édition ne soit pas la dernière », a-t-il lancé.

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Ce webinaire a offert un moment d’introspection collective : comprendre l’histoire des médias togolais pour mieux en bâtir l’avenir. Au croisement des enjeux de liberté, de professionnalisme et de démocratie, les échanges ont rappelé l’essentiel : un journalisme indépendant, éthique et exigeant est une condition non négociable d’une société éclairée et d’un débat public de qualité.

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