Akpaou Gafaou est le directeur de la protection et de la Législation des Droits de l’Homme. Du haut de son poste, il a été de la délégation togolaise à Genève, il y a quelques jours, à l’occasion de la présentation du rapport national au titre du 3ème cycle de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Dans cette interview accordée à nos confrères de Radio Lomé, à la suite de l’adoption du rapport qui comporte 224 recommandations, il joue et c’est de bon aloi, la carte de la pédagogie. Il aborde subtilement des notions pareilles à des clés qui permettent d’accéder à ce mécanisme qu’est l’EPU. Techniquement le Togo aura à classer les recommandations par thème, objet et sujet abordé. Le gouvernement entend élargir la consultation aux institutions et autres acteurs concernés. Et passera à une classification en 3 catégories de recommandations (acceptées, rejetées, notées) des recommandations reçues. Pour l’instant le Togo reçoit le rapport adopté par la troïka le vendredi 28 janvier suite à sa présentation du 24 janvier à la salle 20 du Palais des Nations à Genève. Ensuite, place aux dernières observations éventuelles avant la publication officielle provisoire le 11 février. En attendant, place « l’examen pédagogique » de M. Gafarou. Interview !
Quelles sont vos impressions après ce passage ?
Le premier succès du Togo c’est le niveau de représentation de sa délégation. Une délégation de haut niveau, composé de deux ministres, l’ambassadeur du Togo à Genève et des représentants des ministères des institutions qui ne sont pas des moindres. Cette représentation témoigne de l’attachement des autorités togolaises aux questions des Droits de l’Homme. Deuxième élément en ce qui concerne le succès du Togo, c’est par rapport à la précision et à la clarté des éléments de réponses qui ont été apportés aux préoccupations et aux questions posées par les états membres des Nations Unies. Tout cela est dû au leadership du chef de la délégation qui est le ministre chargé des droits de l’homme, porte-parole du gouvernement, le Dr Christian Trimua qui a su bien organiser son équipe, qui a su surtout tenir dans le temps imparti. En effet, c’est un élément aussi important parce qu’il y a un temps qui est imparti pour chaque Etat de répondre aux préoccupations.
Avec l’adoption du rapport, peut-on déduire que le passage du Togo devant le conseil des Droits de l’homme s’est déroulé avec succès ? Combien de recommandations sont faites pour le Togo ?
Il faut faire certaines précisions d’abord. Les recommandations, c’est quoi ? Quel est le mode de comptage des recommandations pourquoi, au fur et à mesure que les cycles passent le nombre de recommandations augment au niveau de chaque Etat. Les recommandations, notons simplement qu’il s’agit des défis qui restent à relever en matière des Droits de l’Homme au niveau de chaque Etat. Le comptage je vais partir d’un exemple ici pour que nous puissions comprendre. A l’endroit du Togo, on formule par exemple une recommandation disant de dépénaliser les relations sexuelles entre adulte consentant du même sexe, c’est à dire les personnes de même sexe, donc l’homosexualité. Si c’est 60 pays qui disent la même chose au Togo, cela est considéré comme 60 recommandations, alors qu’en réalité il ne s’agit que d’une seule recommandation parce qu’il s’agit tout simplement de dépénaliser l’homosexualité. Le mode de comptage est très important à retenir pour comprendre les nombres de recommandations.
Quels sont les domaines dans lesquels les recommandations sont faites ?
Il faut noter le travail des enfants, la question de l’orientation sexuelle, que nous appelons communément l’homosexualité, il y a la poursuite de la ratification des conventions qui sont relatives aux Droits de l’homme, etc. la plupart de ces recommandations trouve déjà leurs réponses dans la déclaration liminaire du chef de la délégation et également dans les réponses aux questions posées par les Etats.
Pourquoi les recommandations cette année sont-elles plus nombreuses que celles de 2016 ?
D’abord, l’évolution constante est constatée de façon générale au niveau des Etats. Ce n’est pas une spécificité du Togo. Ce qui justifie l’augmentation du nombre de recommandations au fur et à mesure que les cycles avancent, est que, par exemple, lors du premier cycle, puisque c’était un nouveau mécanisme, les Etats n’en comprenaient pas grand-chose et ne s’intéressaient pas au mécanisme. C’est avec le cycle suivant, deuxième et troisième que tout le monde comprend mieux le mécanisme et chaque pays s’intéresse davantage au mécanisme.
Pourquoi lors de ce cycle, le Togo a reçu 224 recommandations après l’adoption du rapport le 28 janvier 2022 ? Il faut préciser qu’en matière des Droits de l’Homme, aucun Etat, aucune Nation ne peut prétendre avoir définitivement résolu les questions des Droits de l’Hommes et par conséquent il y a toujours des défis à relever en matière des Droits de l’Homme et ça se justifie.
Est-il envisageable que le Togo accepte toutes les recommandations ?
En ce qui concerne les recommandations, deux verbes interviennent. Il y a le verbe « accepter » et le verbe « noter ». En ce qui concerne le Togo, les autorités ont opté pour une concertation large pour examiner les recommandations et voir quelles sont les recommandations qui sont acceptées dans l’intérêt de la population et du pays lors que l’examen sera fini, les autorités vont donner les positions sur chacune des recommandations.