Récépissé N° 0010 / HAAC / 12-2020 / pl / P

Électrochoc à la CEET : l’État togolais enclenche un redressement « profond et irréversible »

Sous tension depuis quelques années, la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET) change de cap. Plombée par une gestion peu efficiente, une et un réseau vieillissant, cette entreprise publique est désormais au cœur d’un plan de redressement profond et irréversible, engagé par le gouvernement togolais.

Le diagnostic est sévère. La CEET enregistre un déficit annuel estimé à 30 milliards de Fcfa. Et selon les chiffres officiels, « la CEET perd environ 16 % de sa production », un niveau jugé « insoutenable » par le ministère de l’Énergie. À l’origine de cette hémorragie : des dysfonctionnements, des facturations erronées, mais aussi des actes peu orthodoxe, allant des branchements clandestins aux détournements de courant, en passant par des manipulations frauduleuses de compteurs.

Pour endiguer cette spirale destructrice, le gouvernement togolais a enclenché une réforme sérieuse de transformation. L’objectif est de restaurer la fiabilité de l’approvisionnement électrique, redresser les finances de la CEET, et surtout, poser les jalons d’un système énergétique plus transparent et durable.

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Au cœur du plan : la modernisation des infrastructures, avec la rénovation des lignes de distribution et l’acquisition de compteurs intelligents. À cela s’ajoute la digitalisation du réseau, censée permettre un meilleur suivi de la consommation et limiter les erreurs de facturation. Autre volet majeur : la lutte contre la fraude, avec la mise en place de patrouilles dédiées et l’alourdissement des sanctions à l’égard des contrevenants.

Fin juillet, un pas concret a été franchi avec la remise d’éléments de sécurisation Comptage HTA au directeur général de la CEET, Débo-K’mba Barandao. Ces équipements « de gros camions de la CEET, munis de cadenas, de coffrets de serrure et de scellés » visent à sécuriser le chiffre d’affaires auprès des gros clients, réputés pour certaines dérives. Une innovation censée barrer la route aux fraudes à grande échelle.

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Mais au-delà du redressement d’une entreprise publique, c’est l’ensemble de l’économie nationale qui est en jeu. Le ministre délégué Paul Mawussi Kakatsi le reconnaît : « Cette opération est importante pour la CEET », mais elle vise aussi à rendre le secteur énergétique plus attractif pour les investisseurs, dans un contexte régional concurrentiel.

Cependant, les Togolais, déjà fragilisés par une hausse des prix, ont vu les tarifs de l’électricité grimper depuis le 13 mai dernier. La mesure touche toutes les formes de consommation, domestiques comme professionnelles, prépayées ou post-payées. Une pilule amère, que le gouvernement justifie par la nécessité d’un effort collectif pour sauver un service vital.

Alors que l’accès universel à l’électricité demeure un horizon encore lointain pour de nombreux ménages, le pari est ambitieux. Le redressement de la CEET sera-t-il le début d’une ère nouvelle ou une énième tentative vouée à l’essoufflement ? L’histoire jugera. Pour l’instant, le courant de la réforme est bien lancé.

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