Le suspense n’aura pas duré plus longtemps. Le président ivoirien Alassane Ouattara a levé le voile ce 29 juillet sur son éventuelle candidature : il briguera un quatrième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Une décision qui, loin d’apaiser les esprits, relance avec vigueur un débat national sur la démocratie, la succession politique et l’avenir d’un pays stratégique en Afrique de l’Ouest.
« Je suis candidat, parce que je veux que notre chère Côte d’Ivoire continue de demeurer un pays prospère, en paix et en sécurité », a affirmé le chef de l’État. À 83 ans, Ouattara met en avant sa légitimité constitutionnelle et son expérience. « La Constitution de notre pays m’autorise à faire un autre mandat et ma santé le permet », insiste-t-il. Un argumentaire net, assumé dans un contexte sous-régional instable.
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Car depuis 2011, l’homme a su imposer une forme de stabilité. Le pays a doublé son PIB, séduit les investisseurs et transformé son paysage urbain. À Abidjan, l’autoroute côtoie les tours de verre, symbole d’un « miracle économique » que ses partisans n’hésitent pas à glorifier. Pour eux, Ouattara demeure « notre champion du développement ivoirien », selon les mots d’un député du RHDP.
Mais dans l’opinion, le doute plane. Certains y voient une dérive monarchique, un essoufflement du jeu démocratique. L’ombre de la présidentielle de 2020 plane encore, avec ses violences, ses 80 morts et le boycott de l’opposition. Aujourd’hui, beaucoup redoutent une normalisation de la présidence à vie.
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L’opposition, bien que fragmentée, fourbit ses armes. Simone Gbagbo promet une campagne « sans haine mais sans concession ». Affi N’Guessan se repositionne. Jean-Louis Billon incarne l’alternative libérale. Mais deux figures majeures sont absentes du jeu : Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, tous deux écartés de la liste électorale. Une exclusion que leurs partisans dénoncent comme « un coup de force politique ».
Selon le calendrier, les candidatures doivent être déposées d’ici fin août. Le premier tour se tiendra le 25 octobre. En attendant, la Côte d’Ivoire s’installe dans une campagne à risque, entre continuité revendiquée et aspirations de renouveau.