Ce 14 février, à la faveur de la Saint Valentin, l’amour a résonné encore fort dans le cœur des amoureux. Ils étaient encore nombreux les amoureux qui affichaient leur roucoulade à travers les rues, les restaurants, crèmeries et autres places publiques hier. Mais qu’en est-il des lesbiennes, des gays, des bisexuels voire des transsexuels ? La question est complexe au regard des orientations sexuelles multiples et diverses qui existent aujourd’hui et qui agitent l’opinion un peu partout. Au Togo, c’est un secret de polichinelle, la société compte des LGBT, même si la loi réprime ces pratiques. Comment lesbiennes, gays, bisexuels du Togo vivent-ils alors la flamme de l’amour entre eux dans la ferveur du 14 février? La question a si taraudé la rédaction du Nouveau Reporter que nous avons réussi une incursion dans cette communauté assez fermée.
La Saint Valentin n’est pas réservée aux couples hétérosexuels (homme et femme). Bisexuels, gays, lesbiennes s’enflamment également entre eux. Et l’amour a bel et bien résonné dans leurs cœurs ce 14 février.
Approchés par notre rédaction, quelques lesbiennes et gays témoignent dans l’anonymat. Pour eux, la Saint Valentin est une journée pour célébrer l’amour et elle ne s’embarrasse pas de l’orientation sexuelle. « Que tu sois homosexuel, bisexuel ou hétérosexuel, c’est une fête pour tout le monde », lance H., un gay aux allures viriles, habillé d’un T. shirt bleuté et sur le point d’aller partager une glace avec son ami E., ce lundi 13 février à quelques heures de la St Valentin.
Le regard péjoratif, les insultes voire agressions dont sont victimes les homosexuels, obligent encore une fois H. et E. à vivre, non sereinement leurs sentiments. Alors que la Saint Valentin, leur donne envie de s’afficher. Comme tous LGBT au Togo, ils affirment faire les choses discrètement et en cachette.
Autre couple. S. et T sont des lesbiennes. S. confie à notre source (Ndlr. L’intermédiaire entre notre rédaction et le couple) : « Le jour de la Saint Valentin, j’invite ma partenaire au restaurant, nous nous offrons aussi des cadeaux, tout comme font les autres couples de sexes opposés, mais de façon à ne pas attirer les regards accusateurs ». Et de poursuivre à l’unisson : « Comme cadeaux, nous nous offrons les fleurs, les bijoux, les robes, chaussures, chocolat et tout ce qui peut plaire à son partenaire ».
Même si l’amour entre des personnes de même sexe est très souvent rejeté, moqué ou encore stigmatisé dans la société, pour bien des LGBT écoutés et rencontrés, le travail consiste à s’adapter sans pudeur pour eux-mêmes. Car, selon eux, l’attirance pour une personne de même sexe n’est qu’une simple question d’amour et cela ne devrait pas donner lieu à jugement moral.
Par ailleurs, d’après certains, être gays n’est pas par choix. « C’est une orientation sexuelle et on ne choisit pas l’orientation sexuelle. Nous sommes nées comme ça et nous l’acceptons ainsi », réitère H.
En revanche, le son de cloche n’est pas le même dans le cas de certaines lesbiennes. « Le lesbianisme a été un choix à cause des déceptions amoureuses successives et trop douloureuses avec des hommes qui ont marqué à vie », rassure S.
Quoi qu’il en soit, lesbiennes et gays vivent pleinement eux aussi l’amour le jour de la Saint Valentin. Et comme les vitrines des magasins qui explosent de rouge, déjà dès début février « les cœurs des lesbiennes et gays explosent aussi d’amour. Sauf qu’ils ne peuvent pas s’exposer aux regards partout dans la ville de Lomé et ses environs », regrette un responsable de l’une des 8 associations LGBT du Togo. Tout en plaidant qu’ « Il est important aussi de sensibiliser la population à la tolérance ou à l’acceptation de la différence pour éradiquer la stigmatisation à l’endroit des personnes différentes de nous ».
L’activité sexuelle entre hommes et entre femmes est illégale au Togo, la position du Togo sur l’homosexualité n’a guère variée.
« Pour ce qui est des relations sexuelles entre adultes consentants du même sexe, le Togo n’envisage pas abroger les dispositions qui les criminalisent car cette orientation sexuelle n’est pas en adéquation avec les valeurs sociales togolaises », déclarait il y a plusieurs mois, le ministre Christian Trimua chargé des relations avec les Institutions de la République et porte-parole du gouvernement, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.