Comme plusieurs pays africains, l’Ouganda a aussi limité les déplacements et instauré le couvre-feu dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Ces mesures de restrictions ont duré plus de deux mois et les prostituées classées comme un groupe le plus à risque dans la réponse du pays au VIH/Sida en souffrent énormément. Certaines d’entre elles ont même cessé de prendre leurs traitements antirétroviraux qui sont pourtant gratuits. D’autres sont prêtes à braver les interdits pour gagner leur pain quotidien. D’après certaines péripatéticiennes, le gouvernement a abandonné ceux qui vivent avec d’autres maladies et s’est concentré sur la covid-19.
Joelia Namiiro, travailleuse du sexe séropositive ne peut plus respecter à la lettre les mesures imposées par le gouvernement. Agées de 30 ans, elle doit faire face aux besoins de ses 04 enfants.
« Vous vous réveillez le matin et les enfants pleurent qu’ils ont faim ; ils n’ont pas dîné. Pensez-vous que je pouvais rester à la maison ? Je dois prendre des risques et laisser le reste à Dieu », a-t-elle déclaré à la BBC. « J’ai pris des risques, et je suis allée travailler, parce que je dois nourrir mes enfants. Mes enfants ne mourront pas parce que j’ai peur d’attraper le Covid-19 », a-t-elle ajouté. Joelia Namiiro a également cessé de prendre ses médicaments antirétroviraux (ARV) parce qu’elle ne peut pas les prendre à jeûne.
Au cours des deux premières semaines du confinement au mois de mars, plus de 100 travailleuses du sexe qui étaient sortis travailler ont été arrêtés par la police dans tout le pays, selon leur association. La plupart d’entre elles ont été libérées depuis. Malgré tout, plusieurs d’entre elles sont prêtes à risquer leur vie pour gagner de quoi survivre. Elles disent pouvoir gagner entre 5 000 et 10 000 shillings ougandais (soit entre 781 et 1 562 FCFA), malgré le confinement.
Doreen Mutoni, est aussi travailleuse du sexe. Elle travaille comme conseillère pour l’association des travailleurs du sexe de la région de Bwaise. « Vous entendrez dire que nos enfants sont morts dans nos maisons. Pas de covid, mais de la famine. Nous n’avons même pas de nourriture. Quand les choses se compliquent, vous contactez les clients par téléphone, au moins ce jour-là vous pourriez gagner un peu d’argent », a-t-elle confiée à la BBC.
L’Onusida avait prévenu les pays de ne pas minimiser les VIH sida à l’heure de la covid-19, parce que les défis posés par la pandémie de covid-19 pourraient annuler les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH. C’est justement ce que craint Dr Stephen Watiti, un militant réputé de la lutte contre le VIH. Plusieurs travailleurs du sexe qu’il a conseillés dans le passé ont demandé de l’aide. Certaines disent qu’elles ont cessé de prendre leurs médicaments, tandis que d’autres ne les prennent que lorsqu’elles ont de la nourriture. Parce que « si vous ne mangez pas avant, cela vous fait mal », dit-il.