Après 20 ans à la tête de la diplomatie djiboutienne, Mahmoud Ali Youssouf devient, ce 15 février, le nouveau président de la Commission de l’Union africaine (UA). Après un scrutin disputé, le désormais ex-ministre des Affaires étrangères de Djibouti s’est imposé face à des figures politiques de renom, comme le kenyan Raila Odinga.
Face à Raila Odinga, ancien Premier ministre du Kenya et figure emblématique de la politique est-africaine, Mahmoud Ali Youssouf n’était pas le candidat le plus attendu. Pourtant, à force de persévérance et d’une campagne menée en toute discrétion, il a su convaincre.
Dès le premier tour de scrutin, Raila Odinga prenait l’avantage avec 20 voix contre 18 pour Youssouf. Mais tour après tour, ce dernier a su rassembler. Au cinquième et dernier vote, il l’emporte avec 26 voix contre 21. Une victoire qui traduit la confiance des chefs d’État du continent en sa capacité à incarner une nouvelle dynamique pour l’UA.
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Dès son entrée en fonction, Mahmoud Ali Youssouf doit affronter des dossiers brûlants. « Il y a un problème de gouvernance dans certains pays africains« , confiait-il en décembre dernier. Des pays comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso, secoués par des putschs, restent suspendus de l’organisation. Il lui revient la lourde tâche de réconcilier ces nations avec l’Union africaine.
L’autre chantier est la sécurité. Le conflit dans l’Est de la RDC menace de déstabiliser la Région, tandis que la guerre au Soudan fait rage. « Commencer par la paix et la sécurité« , préconise le nouveau président de la Commission, qui place la stabilité comme préalable à tout développement économique.
Djibouti, un petit pays au cœur des enjeux mondiaux
Né le 2 septembre 1965, Mahamoud Ali Youssouf est un homme politique djiboutien. Originaire d’un pays d’un million d’habitants, Mahmoud Ali Youssouf incarne aussi la montée en puissance de Djibouti sur la scène internationale. Situé à un carrefour géostratégique, à l’entrée de la mer Rouge, Djibouti héberge des bases militaires américaine, française et chinoise. Une position qui oblige le nouveau président de la Commission à jongler entre diverses influences.
Trilingue s’exprimant en anglais, français et arabe, le nouveau président porte l’espoir de tout le continent. Sa ligne diplomatique sera scrutée de près. Jusqu’à présent, il a su maintenir un équilibre subtil entre les grandes puissances. Reste à voir s’il pourra, dans ses nouvelles fonctions, faire prévaloir une autonomie africaine face aux intérêts extérieurs.
Un mandat sous haute tension
Les défis sont immenses, les attentes également. La présidence de Mahmoud Ali Youssouf à la Commission de l’Union africaine s’annonce comme une épreuve de taille. Son expérience, sa capacité à négocier dans l’ombre et à éviter les projecteurs pourraient être ses meilleurs atouts.
Une chose est sûre : c’est sur sa vision, sa fermeté et sa diplomatie que reposera en partie l’avenir de l’Afrique.