La politique est un champ de bataille noble où l’efficacité de la stratégie ne vient qu’en appui à des valeurs humaines cardinales avérées. Sans règles précises, sans normes immuables, en dépit des hypothèses d’école des sciences politiques et des écoles normales, par-delà les doctrines et les idéologies, elle reste quand même une énigme et un défi permanent pour les aventuriers du domaine. Ni les régimes politiques pluriséculaires ni les génies et les stratèges épigones n’ont encore réussi à baliser l’action publique et politique.
Le paysage politique togolais illustre ce flou kafkaïen où les nains et les géants se neutralisent sur fond de pauvreté intellectuelle, morale, matérielle, spirituelle, politique, etc. Dans ce flou, la question est de savoir comment cerner le portrait d’un vrai leader politique au Togo ? Ce questionnement trouve sa pertinence dans les cafouillages postélectoraux, les alliances contre nature, l’émiettement des partis politiques, l’engagement azimutal des citoyens dans un débat et un combat dont ils ne comprennent pas les subtilités et les enjeux réels.
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S’il est bien vrai que tout citoyen peut et doit participer à la construction du pays par ses idées et ses contributions diverses, tout le monde n’est pourtant pas apte à jouer le rôle de leader politique. Ce bon sens ne semble pas partagé par tous au Togo où curieusement les aveugles et les clairvoyants vont au même marché, les fous et les philosophes tiennent la même rhétorique, les handicapés et les athlétiques compétissent au même sprint.
Le multipartisme intégral a introduit au Togo une cacophonie politique. Hommes et femmes de peu de valeur ont cru naïvement que la politique était un vrai raccourci pour atteindre leurs objectifs matériels ou pour assouvir leur vengeance mesquine.
Et pourtant, un vrai leader doit se distinguer par deux valeurs cardinales : l’ETRE et l’AVOIR.
L’ETRE du leader renvoie à sa valeur humaine intrinsèque, à sa capacité morale à regarder tous les Togolais d’un même œil, à se positionner comme un véritable archétype vers lequel les citoyens lambda peuvent s’identifier et trouver leur source de pondération aux quatre coins du pays. Il est porteur d’un charisme résiliant qui rassemble et rassure. Son sens de responsabilité et sa hauteur d’esprit lui ouvrent les portes du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, dans les hameaux les plus reculés, dans les cœurs les plus meurtris. Débarrassé d’hypocrisie, marqué par la Miséricorde, éclairé par le pouvoir de l’Amour, habité par le courage et la vérité, il est capable d’UNIR.
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L’AVOIR du leader fait référence à sa stabilité intellectuelle, financière, matérielle, relationnelle, éthique. L’Avoir financier sécurise le leader politique contre l’intrusion d’une diaspora vorace et d’organisations suspectes. Ici aussi, la capacité de maintenir la paix, à travers un vaste réseau d’amis des quatre coins du pays, participe de la qualité de leader. La compassion ajoute sa part d’humilité qui lui permet de comprendre et de partager la souffrance de son peuple. La tempérance et le silence prédisposent le leader à l’écoute et à l’action réparatrice pour consolider le vivre ensemble.
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Ainsi donc, ni le voleur ni le pauvre, ni le menteur ni le délateur, ni le psychopathe ni le drogué ne peuvent diriger un peuple sans l’amener à la dérive. A-t-on besoin de mener un kaléidoscope sur la scène politique nationale pour voir combien de comédiens politiques méritent de réciter leur acte de contrition ? Sans charisme, sans personnalité politique, sans stabilité sociale et professionnel, ils veulent seulement devenir Président de la République et ‘après on verra !’ Politique virtuelle pour une gouvernance imaginaire, rêves fantômes pour une espérance juvénile, campagne dans les seules rues de Lomé pour une élection nationale, ces politiciens délirants et atypiques sont des succédanés d’un vieux tribalisme qui commence à s’essouffler sous les coups de butoir du président Faure.
Sylvain Codjo