Le littoral togolais est un dépôt et un vivier de l’histoire. L’histoire du Togo, c’est également sa côte qui servait de lieu de départ des esclaves vers l’Europe. Et pour réussir ce commerce une, maison à été érigée sur la côte pour servir de maison de retraite des esclaves. Appellée “maison des esclaves” (située dans le quartier Lakomé à Agbodrafo, à 35 km à l’est de Lomé, sur la route nationale n°2 menant au Bénin), c’est un édifice ayant appartenu à un commerçant et négrier écossais, John Henry Wood. Le député togolais, Gerry Taama, a pris rendez-vous avec l’histoire en effectuant une visite touristique dans la zone découvre la richesse symbolique que constitue cette maison pour notre mémoire, “la sombre époque de l’esclavage”.
Ce lieu, correspond à l’ancienne Porto-Seguro, sur la côte des Esclaves. La maison est construite dans les années 1835, a été utilisée pour la traite illégale jusqu’en 1952.
Situé à 3 kilomètres de la côte Atlantique, dans une zone à l’époque masquée par la végétation, le bâtiment, de style afro-brésilien, mesure 21,60 mètres de long et 9,95 mètres de large. Il est composé de six chambres, d’un salon, de couloirs de 1,5 mètre de large et d’une cave de 1,50 mètre de hauteur sous l’ensemble de l’édifice. Les pièces supérieures étaient utilisées comme hébergement pour les négriers, tandis que les caves servaient de casernement des esclaves. Ces derniers y étaient poussés depuis l’extérieur à travers plusieurs soupiraux. Une petite trappe située dans le salon permettait un accès aux caves pour les négriers.
À proximité de la maison, sur le chemin menant à l’océan, se trouve un puits dénommé le « puits des enchaînés ». Les esclaves s’y lavaient avant leur embarquement sur le bateau négrier à destination des Amériques”.
La tradition orale affirme qu’après leur toilette, les esclaves étaient forcés de faire sept tours du puits afin de couper leurs liens avec leurs divinités et de garantir aux négriers l’abandon par les esclaves de forces surnaturelles permettant une mutinerie. Ce site est désormais protégé et est géré par le chef local.
Mais l’horable Gerry Tama découvre sur les lieux un dysfonctionnement lié à une mauvaise organisation, et contrastant avec ce qu’on peut trouver à Ouidah au Bénin, au Ghana et au Sénégal.
« Nous sommes bons derniers dans la valorisation touristique. La maison elle-même à été découverte et mise en relief par des enfants d’esclaves américains en 1999. En parcourant les rues d’Agbodrafo, il y’a d’autres maisons d’époque complètement en ruine. C’est si dommage. Nous devons entretenir la momoire de notre histoire, montrer aux jeunes générations ce par quoi nous sommes passés, pour éviter que cela ne se répète. Mais assumer aussi notre participation à ce commerce honteux. Et reconnaître que c’est souvent les Africains qui allaient capturer d’autres Africains pour les livrer aux négriers », a narré Gerry Taama sur sa page Facebook.
« Mais elle est en ruine, ou presque. Le conservateur m’a heureusement informé qu’un projet de rénovation est en cours. On va attendre », fait comprendre Gerry Taama.
Il constate par ailleurs que malgré le fait que ce lieu n’est pas valorisé ni protégé, le pays ne célèbre ou dispose pas d’une « Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, qui a lieu le 25 mars de chaque année ».
Il regrette ce mépris du Togo envers la culture, ce qui lui fait dire que « nous développons une vraie amnésie sur notre histoire. Et on s’étonne que notre histoire soit écrite par les descendants des négriers. Que faisons nous de notre indépendance ? », s’interroge l’élu du peuple.