Un incident fâcheux secoue le ministère chargé de l’Action sociale. Le Secrétaire général de ce département a été interpellé puis écroué à la prison civile de Lomé, après une plainte pour viol déposée par une employée de son administration. De sources judiciaires, l’homme est passé par la garde à vue avant d’être placé sous mandat de dépôt, en attendant la suite de la procédure.
L’affaire, explosive, résonne bien au-delà des murs de l’administration. La Grappe des organisations féministes du Togo (Goft) est montée au créneau. Dans un communiqué publié le 19 août, elle exprime son « indignation vive » et sa « pleine solidarité » envers la victime présumée. Elle dénonce aussi « l’omerta » qui entoure trop souvent les abus sexuels dans le pays.
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Pour le collectif, le scandale illustre un mal profond : la « banalisation du harcèlement en milieu professionnel », les « conséquences psychologiques et sociales dévastatrices » des abus, et la « double victimisation » que subissent les plaignantes. Autrement dit, non seulement elles doivent affronter le traumatisme, mais aussi l’incrédulité, le rejet, parfois même le blâme.

La Goft salue toutefois la réaction rapide de la ministre en charge de la Promotion de la Femme, tout en réaffirmant sa confiance dans les institutions pour mener ce combat. Mais elle pose des exigences évidentes : une instruction « rapide, indépendante et impartiale », la « transparence absolue » de la procédure, l’application rigoureuse de la loi, ainsi qu’une prise en charge holistique des victimes.
Le collectif va plus loin. Il réclame la formation obligatoire des agents publics à l’éthique, l’affichage des procédures de signalement dans chaque administration, et une politique ferme de Tolérance zéro face aux violences sexistes et sexuelles.
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« Nous refusons que les services publics deviennent des lieux d’oppression plutôt que d’émancipation », conclut le communiqué signé par Mme Lamboni-Kabissa Issoyotou, présidente de la Goft.
Au-delà de ce dossier sensible, c’est une société entière qui se regarde dans le miroir. Entre la gravité de l’accusation et l’espoir d’un sursaut, l’affaire marque un tournant : celui où la peur commence peut-être à céder la place à la parole libérée.