Les murs du Kremlin ont vu défiler, ce 18 novembre, la délégation togolaise, conduite par le président du Conseil, Faure Gnassingbé, également médiateur de l’Union africaine. À Moscou, il défend l’idée simple et redoutable : « « Ce qui se joue aujourd’hui au Sahel et dans le Golfe de Guinée, ce n’est pas seulement la sécurité de quelques États, c’est le destin de plus de 400 millions d’Africains et la stabilité de routes vitales pour l’Europe, l’Asie et les Amériques. » Une phrase qui, à elle seule, dit l’urgence de sa mission.
À Moscou, le président du Conseil du Togo poursuit « une mission discrète mais stratégique ». Un déplacement que beaucoup pourraient interpréter comme un signal politique. Pourtant, confie son entourage, il ne s’agit « ni d’un alignement ni d’un geste symbolique », mais d’un acte de continuité : celui d’une diplomatie d’équilibre que le Togo revendique depuis des décennies.

Depuis 2021, il enchaîne les consultations de »Dakar à Lagos, d’Abou Dhabi à Rome », assumant ainsi un rôle de facilitateur africain. Une mission souvent silencieuse et discrète, mais qui dessine les contours d’un front continental pour la stabilité et le développement.
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À Moscou, il ne vient pas seulement en médiateur de l’Union africaine. Il porte, selon plusieurs chefs d’État, un mandat plus vaste : celui d’une diplomatie « sans tambours ni trompettes », fondée sur la confiance et la neutralité. Une conviction résumée en ces termes par l’équipe gouvernementale : « L’Afrique ne cherche pas de blocs. Elle cherche des alliés pour sauver des vies. »

Rencontre entre la délégation togolaise et russe
Le cœur des discussions reste la sécurité du Sahel et du Golfe de Guinée. Pour le Togo, rappelle-t-il, « la menace terroriste n’est plus régionale, elle est systémique ». Et face à cet enjeu global, « la Russie, qu’on le veuille ou non, est un acteur incontournable ».
L’agenda économique est tout aussi crucial. L’Afrique de l’Ouest, frappée par la flambée du prix des fertilisants, veut sécuriser des approvisionnements durables. Le Togo, qui prépare son usine d’engrais, cherche des partenariats techniques pour contourner des obstacles liés à la forte teneur en ammonium du phosphate local.
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Aux critiques laissant penser à un rapprochement, son entourage répond sans détour : « Aller à Moscou n’est pas un alignement : c’est un acte de survie pour des millions d’Africains. »
Après cette étape, il poursuivra ses consultations en Asie avant de présenter un cadre africain fondé sur la prévention et la médiation.
Un rôle assumé, presque artisanal, qui rappelle une évidence : « L’Afrique n’a pas besoin de diviser le monde. Elle a besoin que le monde l’aide à ne pas se diviser elle-même. »
