Dans un contexte où le climat social est très sensible, le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’Homme a choisi de rompre le silence. Ce 7 juillet, il a dressé un constat sans détour : « Nous ne pouvons rester silencieux face à une dénonciation unilatérale qui, tout en prétendant agir pour l’intérêt général, omet délibérément des faits essentiels tels que les appels à la violence, les injures publiques, les tentatives de subversion et l’usage manifeste des réseaux sociaux pour inciter à la haine ou à la destruction des symboles républicains. »
À l’heure où certaines voix présentent une image univoque de la situation, le réseau plaide pour une lecture équilibrée et responsable. Selon Me K. Bertin Amegah-Atsyon, coordonnateur du réseau, « il ne s’agit pas de défendre un pouvoir, ni de minimiser les attentes légitimes des citoyens, mais de rappeler que toute société civile doit conjuguer liberté et responsabilité, engagement et discernement. »
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Le réseau rappelle une évidence trop souvent occultée : la liberté d’expression est précieuse, mais elle n’est pas absolue. « La liberté sans cadre n’est pas une avancée démocratique, c’est une dérive potentiellement tragique », martèle Me Amegah-Atsyon. Une société civile crédible doit refuser la tentation du sensationnalisme et ne pas devenir le relais aveugle de la désinformation.
Au-delà des mots, le réseau met en garde contre la manipulation de l’opinion publique par des « influenceurs » aux discours incendiaires. « Il est profondément regrettable que des propos violents incitant à brûler les mairies ou à attaquer les Forces de l’ordre n’aient suscité aucune condamnation », déplore-t-il. L’absence d’équilibre ôte toute légitimité morale aux dénonciations hâtives.
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Face à la montée des tensions, la société civile doit être un bouclier. « Le TOGO mérite une société civile qui n’alimente pas les tensions, mais les désamorce », affirme le réseau. Il invite à un sursaut collectif, une réflexion plus honnête et plus exigeante. L’exemple libyen, cité en filigrane, illustre les ravages possibles d’une liberté instrumentalisée.
La force du Togo a toujours résidé dans sa capacité à préserver l’unité malgré les tempêtes. Aujourd’hui encore, le pays a besoin d’une société civile « soucieuse du bien commun », qui sait dire non à la haine et oui au dialogue. Car, comme le disait le roi Guézo, « lorsque chacun aura apporté son doigt pour boucher le trou de la jarre, l’eau n’y jaillira pas. »