Le fléau est invisible, mais ses ravages sont bien réels. Le trafic d’enfants, défini comme le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil d’un enfant avec pour objectif son exploitation, gagne du terrain dans certaines régions du Togo. Pour y faire face, la Compagnie Louxor de Lomé a choisi une arme singulière : l’art et la sensibilisation. Pour le compte de cette année, les activités se sont déroulées du 04 au 17 août à Kémérida dans la préfecture de la Binah.
Portée par la Compagnie Louxor, en partenariat avec l’organisation allemande Stop Child Trafficking in Togo (SCTT) E.v de Berlin et avec l’appui du ministère allemand de la Coopération et du Fonds Nord-Süd Brücken, cette campagne est réalisée dans le cadre du projet « Protection des enfants dans les zones défavorisées – Ateliers de prévention et de sensibilisation contre la traite des enfants ». Rassemblant une palette d’enfants, ces ateliers se sont articulés autour de deux volets : des ateliers de formation pour les enfants et une tournée de sensibilisation par le théâtre forum.
La formation, conduite par Ramsès Alfa et Nourou Nouroudine avec l’appui technique de Plan International Togo, a permis aux enfants d’apprendre à »créer des profils de personnages vecteurs de la traite », à imaginer des situations de danger et surtout à proposer des solutions. « L’objectif de ce projet était d’outiller les enfants et adolescents — victimes privilégiées de la traite d’enfants — et les adultes sur les techniques de prévention et de lutte contre la traite des enfants », a expliqué Alfa Ramses, directeur de la Compagnie Louxor.
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Les participants n’ont pas seulement joué. Ils ont écrit, dessiné et débattu. Chaque mot, chaque geste a contribué à encourager la créativité et le volontariat afin de parvenir à leur propre protection. Des supports pédagogiques ont été distribués pour accompagner cet apprentissage collectif.
Le projet a également pris en compte les adultes, notamment les enseignants, les leaders communautaires, les autorités locales, jusqu’au chef canton de Kémérida. Des outils pratiques leur ont été remis : les numéros verts, les structures d’accueil et les services compétents. Une manière de rappeler que la protection de l’enfant est d’abord une responsabilité partagée.
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La tournée théâtrale qui a clos l’initiative a touché les villages environnants, semant des messages d’alerte et d’espoir. « La participation des enfants par la parole, l’écriture, le dessin et l’action est la pierre angulaire » de l’esprit de ce projet.
À Kémérida, cette pierre s’est transformée en fondation. Une fondation sur laquelle enfants et adultes construisent, ensemble, un rempart contre l’exploitation des plus vulnérables.