Le décès de Justine, une fillette de 13 ans, a bouleversé le Togo et relancé les débats sur la lutte contre le mariage forcé. Originaire du village d’Asrama, dans la préfecture de Haho, Justine a été mariée de force à un homme polygame pour rembourser une dette de 127 000 francs CFA. Subissant des violences physiques, sexuelles et émotionnelles, la jeune fille a tenté de se suicider le 31 décembre 2024 en ingérant une substance toxique.
Transportée en urgence au centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio, elle a lutté pour sa vie. Cependant, malgré les efforts du personnel médical, des autorités et des organisations de la société civile, Justine est décédée le 8 janvier 2025.
Une vague d’indignations
Le 10 janvier, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a réagi à cette tragédie en exprimant sa tristesse et en présentant ses condoléances à la famille de Justine. Dans son communiqué, la CNDH a rappelé que le mariage d’enfants est strictement interdit par les lois togolaises et condamné par les conventions internationales ratifiées par le pays.
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L’institution a exhorté les parents, ainsi que les autorités locales, traditionnelles et religieuses, à redoubler de vigilance pour protéger les enfants contre ce fléau. « Il est impératif de respecter les droits des enfants afin de prévenir de telles tragédies », a souligné la CNDH.
Une urgence nationale contre le mariage forcé
Ce drame rappelle l’ampleur persistante du mariage forcé au Togo, où des jeunes filles, souvent issues de communautés rurales, continuent d’être sacrifiées sur l’autel des traditions ou de la précarité économique. Si des lois existent pour interdire cette pratique, leur application demeure insuffisante. Les sanctions à l’encontre des responsables sont rarement appliquées avec rigueur, et la sensibilisation peine à atteindre les zones les plus isolées.
Les organisations de défense des droits humains, soutenues par les autorités, appellent à un renforcement des politiques publiques. L’éducation des filles, élément clé de leur émancipation et de leur protection, devrait être une priorité absolue.
Justine n’est pas seulement une victime : son histoire est un symbole de la lutte contre l’injustice faite aux enfants. Sa tragédie doit être un point de basculement pour mobiliser la société togolaise. Protéger les enfants est une responsabilité collective, engageant chaque citoyen, chaque institution.