Au Togo, face aux différentes violences subies par les travailleuses domestiques, le Centre de recherche et d’action sur les droits économiques, sociaux et culturels (CRADESC) avec l’appui financier de la Fondation pour une société juste (FJS) a entrepris une étude sur la situation ces dernières années sur l’étendue du territoire. Cette action vise à mesurer l’ampleur de la situation et, par-là, contribuer à la protection des droits des travailleuses domestiques.
Les 2 et 3 octobre 2023, un atelier de partage des résultats préliminaires de l’étude nationale sur le pays a eu lieu à Lomé. La rencontre organisée par CRADESC et la FJS en collaboration avec leurs partenaires s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet régional sur la documentation des violations des droits économiques, sociaux et culturels (DESC) des travailleuses domestiques de neuf pays de l’Afrique de l’Ouest francophone.
Selon les chiffres clés de cette enquête, 35,5% des travailleuses domestiques sont des mineures ; 28,49% des travailleuses domestiques n’ont jamais été à l’école ; 47,04% ne disposent pas de contrat écrit ; 85,47% perçoivent moins de 27.000 FCFA le mois ; 77,08 % n’ont pas été déclarées à la sécurité sociale ; 50,62% des travailleuses domestiques interrogées ont une fois subi des actes de violences chez leurs employeurs ; 82,22% sont exclues du repas collectif. En cas de maladie, 61% ne reçoivent pas d’aide de la part de leurs employeurs. Sur le total des victimes de violences, 40,74% sont des mineures ; 98,75% des travailleuses domestiques ne sont membres d’aucune organisation syndicale ou de la société civile pour défendre leurs droits. Au Togo, on dénombrait à cette période 21.807 travailleuses domestiques dont 80,29% étaient des femmes.
Dr Fatima Diallo, directrice du CRADESC, a relevé que l’institution répond à cette nécessité de mise en place de structures indépendantes de réflexion et d’action stratégiques dédiées au renforcement du plaidoyer sur les droits économiques, sociaux et culturels qui occupent encore une position secondaire dans les agendas de mise en œuvre des droits de l’homme, malgré leurs liens intrinsèques avec la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) en Afrique de l’Ouest francophone et au Sahel.
Le projet a déjà touché 4.236 travailleuses domestiques issues de neuf pays de la sous-région à savoir la Côte d’ivoire, le Burkina Faso, la Guinée, le Mali, le Sénégal pour la phase 1 et le Togo, le Bénin, la Gambie, la Mauritanie pour la phase 2. Il a également impacté plus de 270 organisations de la société Civile et de syndicats dans ces différents pays.
« (…) Comme partout ailleurs, la situation des travailleuses domestiques est encore alarmante au Togo. Malgré la volonté affichée des autorités de réguler le secteur informel en général, il reste que le travail domestique en particulier n’est pas encadré par aucun texte spécifique au Togo. Aussi, les différents acteurs du secteur d’activité attendent la ratification par l’Etat du Togo de la Convention 189 de l’Organisation internationale du travail (OIT) », a relevé Dr Diallo.