Les Togolais se rendront aux urnes pour élire leurs conseillers municipaux, le 17 juillet prochain. À l’approche de ce scrutin crucial, une tournée nationale s’est ouverte à Dapaong le 16 juin dernier. Au cœur de cette initiative portée par le ministre de l’Administration territoriale, Awaté Hodabalo : la chefferie traditionnelle. Une institution ancestrale que le gouvernement entend repositionner comme garante de la paix et de la cohésion sociale.
« Les périodes électorales sont souvent des moments où la passion prend le dessus sur la raison. C’est également des moments de tension, d’intoxication, d’agitation sous diverses formes et de manipulation surtout de la jeunesse », a rappelé le ministre dans son allocution d’ouverture. D’emblée, le ton est donné : pas question de laisser les dérives fragiliser les fondements sociaux du pays.
La tournée sillonnera les 5 régions du Togo : après Dapaong, cap sur Kara, Sokodé, Atakpamé, puis Tsévié. L’objectif affiché est de « sensibiliser et outiller » les chefs traditionnels sur leur rôle dans la réussite d’un processus électoral apaisé. Le ministre Hodabalo l’a rappelé avec force : « Quel rôle doit jouer le chef traditionnel dans sa communauté en sa qualité de garant de la paix, de la sécurité et de la cohésion sociale ? »
Lire aussi : Togo / Coup d’envoi des grands examens : le CEPD et le Bac 2 lancés
Derrière cette interrogation, une réalité : la chefferie est à la croisée des chemins. Si elle reste « un des vecteurs de développement local », selon la loi de 2007 qui en fixe le cadre, les défis s’accumulent. Successions conflictuelles, remise en cause de son autorité, rapports parfois flous avec les autorités locales… autant d’urgences à traiter pour qu’elle puisse pleinement jouer son rôle de régulateur.
Les communications inscrites à l’agenda de la rencontre de Dapaong ont mis en lumière les relations entre chefferie et pouvoir déconcentré, les contributions des conseils régionaux et préfectoraux, et la place de la chefferie dans la 5e République. Des échanges riches, suivis avec grand intérêt par les chefs venus en nombre.
Le président du Conseil régional des Savanes, Oudanou-Dobli Oumorou, a salué « une initiative salutaire », plaidant pour « la relecture de la loi de 2007 » et l’instauration d’un système d’indemnisation plus juste. Car au-delà du symbole, les chefs veulent des moyens à la hauteur des responsabilités qu’on leur assigne.
Lire aussi : Nécrologie : Francis Ekon, une voix panafricaine s’éteint dans son Yoto natal
La tournée s’achèvera le 20 juin à Tsévié. Elle aura, on l’espère, permis de jeter les bases d’un partenariat renforcé entre tradition et modernité, entre autorité morale et pouvoir politique. Pour que, le 17 juillet, le Togo fasse une fois de plus la démonstration que démocratie peut rimer avec sérénité.