Le premier cas de covid-19 au Togo a été déclaré le 06 mars 2020. Alors que la situation devenait de plus en plus compliquée, le président de la République a décrété l’état d’urgence sanitaire pour 3 mois. D’importants moyens ont été déployés pour faire face à cette crise sanitaire engendrée par le coronavirus. A travers maintes initiatives et programmes, le gouvernement essaie de remettre les pendules à l’heure pour donner un nouveau souffle à l’économie et à la vie sociale sérieusement impactées par la crise. Le plan de gestion de la pandémie établi par le pays s’est révélé efficace même si quelques insuffisances sont à souligner. En témoigne, entre autres, une courbe d’évolution de la pandémie plutôt stable. Trois mois après cette situation difficile et douloureuse que traverse toute la population, et l’état d’urgence étant sur le point d’expirer, un état des lieux s’impose. Quelles sont les grandes actions menées par le gouvernement pour contenir la pandémie ? L’heure est au bilan.
Au départ, plusieurs Togolais croyaient à une manipulation. Mais avec la généralisation de la maladie dans le monde et particulièrement dans les pays d’Afrique, bien de concitoyens se sont rendus à l’évidence. Conscient de la menace, le gouvernement, avec à sa tête le Chef de l’Etat a déclaré l’état d’urgence sanitaire le 01er avril, environ un mois après la détection du premier cas de covid-19. Une décision qui intervient alors que le pays venait d’enregistrer son deuxième décès sur les 36 cas confirmés en début avril.
« Face à la gravité de la situation et en conformité avec les dispositions constitutionnelles, je décrète l’état d’urgence sanitaire au Togo pour une période de trois mois », a déclaré Faure Gnassingbé dans une allocution télévisée. Le président de la République venait de prononcer son premier discours depuis le début de la crise.
Ce n’est pas tout. Il a également adopté des mesures exceptionnelles de riposte sanitaire et d’accompagnement socio-économique afin de soutenir les populations en cette période critique.
Comité de gestion de la crise et Coordination nationale de gestion de la riposte
« L’état d’urgence nous permettra d’adopter des mesures exceptionnelles de riposte sanitaire », a déclaré le président dans son discours
Très rapidement, un Comité de crise dirigé par le Chef de l’Etat lui-même a vu le jour. Il est appuyé par une Coordination nationale de gestion de la riposte sanitaire et un Comité économique de gestion de la crise qui propose. Mais également par le Collège scientifique qui éclaire le gouvernement sur les meilleures dispositions à prendre et les actions à mettre en œuvre afin de faire efficacement face à la pandémie. Le dispositif structurel est renforcé par la Force spéciale anti-pandémie composée de 5 000 éléments de l’armée chargée d’assurer la sécurité et le respect des mesures éditées le long de l’état d’urgence. Elle veille au bon déroulement du couvre-feu entre 21h et 05h du matin.
Système sanitaire renforcé
La pandémie a amené l’Etat a lancé un vaste programme de réhabilitation des hôpitaux. Cela a permis aux centres de santé de disposer d’infrastructures adéquats pour dépister et traiter les personnes contaminées. Des équipements dont des scanners et respirateurs ont été installés, des millions de masques, de tests et d’équipements de protection ont été réceptionnés. Plusieurs autres outils nécessaires pour limiter la propagation du virus ont été commandés. C’est sans ignorer, les dons des partenaires privés et des organisations internationales.
05 centres de santé basés à Lomé sont sélectionnés pour la réalisation des tests. Des laboratoires mobiles sont déployés dans chaque région pour le même but.
Le CHR Lomé Commune dédié et rénové pour une prise en charge adéquate
En conseil des Ministres le 21 mars, le gouvernement a pris la décision de dédier exclusivement le Centre hospitalier régional (CHR) de Lomé Commune à la prise en charge des maladies infectieuses y compris le COVID 19. Pour adapter le CHR aux exigences de la prise en charge des patients atteints de COVID19, de profondes rénovations ont été entreprises de façon graduelle avec une bonne identification des différentes zones et du circuit de sécurité. Ainsi, toute l’aile Sud du CHR avec une capacité de 75 lits a été totalement rénovée et équipée y compris en matériel de réanimation, selon les normes de l’OMS.
Aussi, pour augmenter la capacité de prise en charge, des tentes et conteneurs ont été installés et aménagés. Ces travaux ont été entièrement financés par le gouvernement togolais qui prend entièrement en charge les patients qui y sont internés et suivis.
Mesures de restrictions
L’Etat a pris des mesures de restrictions telles que l’interdiction de tout rassemblement de plus de 15 personnes sur toute l’étendue du territoire, l’annulation des évènements internationaux, la suspension de toutes les liaisons aériennes en provenance et à destination de tous les pays à risque, fermeture des établissements de formation et des lieux de culte, le bouclage de certaines villes et bien d’autres encore.
Ces mesures ne sont pas sans conséquences. Les activités sont sérieusement affectées, surtout celles des bonnes dames qui pratiquent du commerce les soirs. Bien de gens ne pouvaient plus voyager parce que les frontières bloquées. Le tourisme et principalement le secteur de l’hôtellerie est touché de plein fouet.
Mais comme l’a déclaré le chef de l’Etat : « la solidarité nationale sera au rendez-vous pour aider les plus démunis d’entre nous, les plus faibles, les plus défavorisés. Aucun Togolais ne sera laissé pour compte dans cette bataille que nous engageons ensemble ».
Réquisition d’hôtels
Le gouvernement, dans sa politique d’accompagnement a réquisitionné une dizaine d’hôtels. D’une part, ces infrastructures facilitent la mise en quarantaine des personnes revenues de pays à haut risque, ou encore des personnes bloquées dans au Togo en raison des mesures de suspension des vols et de fermeture des frontières ainsi que toutes personnes testées positives à la covid-19.
D’autres parts, l’objectif de cette action est de venir en aide au secteur de l’hôtellerie qui a vu ses activités freiner par la crise.
Accompagnement social au cours de l’état d’urgence
« Aucun Togolais ne sera laissé pour compte ». Cette phrase du président n’est pas qu’une déclaration. Des gestes concrets se sont ensuivis. Le gouvernement a mis en place NOVISSI, un projet en faveur des défavorisées et des personnes qui auraient perdu leur travail en raison des mesures de restriction en vigueur. C’est un programme de transferts monétaires destiné à subvenir à aux besoins de base des populations vulnérables. Grâce à ce projet, les dépenses de 567 002 personnes ont été subventionnées. Les femmes ont eu droit à un revenu mensuel de 12 500 F CFA pendant deux mois tandis que les hommes en ont eu 10 500.
Deux baisses consécutives du prix des produits pétroliers ont aussi été décidées par le gouvernement, entre le 07 avril et le 30 mai.
Tout comme la gratuité de l’eau aux bornes fontaines, le Togo a opté pour la gratuité pour 3 mois de l’eau et de l’électricité pour les tranches sociales. Cette mesure est accompagnée d’une baisse du tarif de branchement à l’eau qui est passé de 75 000 FCFA à 25 000 FCFA.
Le gouvernement a encouragé les entreprises, les institutions, les services publics et administratifs à privilégier le télétravail. Il a pris plusieurs mesures en leur faveur. Les impôts ont été revus à la baisse avec le report des dates de payement. Un Fonds national de solidarité et de relance économique de 400 milliards de FCFA a été mis en place pour financer toutes les mesures socioéconomiques. La presse qui fait un travail formidable au cours de cette période de crise n’a pas été laissée pour compte. Le gouvernement a augmenté l’aide de l’Etat à la presse spécialement pour la circonstance.
Le bouclage des villes empêchait les opérateurs économiques d’effectuer normalement leurs activités. Pour leur faciliter la tâche, le gouvernement lance « Taldeo – Trans ». Il s’agit d’un dispositif destiné à faciliter la circulation des produits de premières nécessités entre les régions du pays. Le projet de convoyage de marchandises à l’intérieur du pays.
Le gouvernement a tout fait pour empêcher l’inflation des prix des produits de premières nécessités.
Le rapatriement des Togolais bloqués à l’extérieur
Depuis mi-mai, le gouvernement, à travers le Ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et des Togolais de l’Extérieur a mis en place un programme d’assistance au bénéfice des Togolais résidant ou en séjour temporaire à l’étranger et bloqués suite à l’état d’urgence sanitaire dû à la pandémie. Ainsi, au moyen des vols spéciaux organisés en entente avec plusieurs services diplomatiques étrangers, le rapatriement par vagues de compatriotes est organisé. Au total, près de 400 Togolais ou résidents étrangers au Togo ont regagné le pays via ces vols spéciaux. Ils sont tous traités conformément aux mesures de riposte en vigueur au Togo.
Une communication efficace
La communication a permis d’atteindre toutes les couches. Dès le début de la crise, L’Etat a créé un site internet à travers lequel, il diffuse toutes les informations relatives à la maladie. Il a aussi mis en place un numéro vert, le 111, pour signaler les cas suspects, informer et orienter la population ; le 113 pour faire le suivi des personnes mises en quarantaine. Il a organisé des émissions quotidiennes sur les radios et télévisions, aussi bien en français qu’en langues locales. Il s’est servi des réseaux sociaux pour s’assurer que plusieurs personnes entre en contacts avec les informations diffusées.
Les revers du couvre-feu
Hormis quelques violences militaires recensées lors des premiers jours de l’instauration du couvre-feu décrété par l’Etat, le bilan de la gestion de la crise au cours des trois mois passés est satisfaisant. Plusieurs personnes ont dénoncé les exactions que commettent les éléments de l’armée en cette période. Mais très vite, le gouvernement va les rappeler à l’ordre. Un changement intervient à la tête de la Force spéciale anti-pandémie. A la suite de ce remaniement, plus aucun dégât n’a été annoncé.
A ce jour, sur les 588 cas confirmés de covid-19, seuls 180 sont encore actifs et 14 décès recensés, contre 394 guéris sur les 28 911 tests réalisés. L’état d’urgence tend vers son expiration et il y a un retour à la normale progressif des activités.
Elisée Rassan