Récépissé N° 0010 / HAAC / 12-2020 / pl / P

Santé : à Lomé, l’Afrique de l’Ouest resserre les rangs face aux menaces épidémiques

Alors que l’Afrique de l’Ouest fait face à une montée subtile des menaces épidémiques, la première revue annuelle du réseau 4S (Surveillance Syndromique, Sentinelle et de Séquençage) s’est ouvert à Lomé, ce 01er décembre 2025. L’ambition est de renforcer un dispositif régional capable de détecter plus tôt, répondre plus vite et partager des données fiables pour sauver des vies. 

Depuis 2023, l’Institut Pasteur de Dakar pilote un vaste programme de « surveillance syndromique » dans onze pays, soutenu par l’OOAS, Africa CDC et des partenaires tels que la Fondation Bill et Melinda Gates. L’ambition est de détecter tôt les signaux faibles, qu’il s’agisse d’infections respiratoires, d’arboviroses ou de fièvres hémorragiques.

Lomé accueille ainsi un exercice de vérité. Chaque délégation arrive avec ses données, ses doutes et son expertise. L’objectif général est de faire le bilan des activités de surveillance sentinelle et d’alimenter un plan d’action sous-régional, plus robuste, plus cohérent.

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Le Dr Yakhya Dièye, responsable du pôle microbiologie de l’Institut Pasteur de Dakar, ne cache pas l’ampleur des défis. « La recherche aux antimicrobiens est un problème mondial », rappelle-t-il, regrettant « le manque de laboratoires bien équipés » et de scientifiques formés. Il insiste : sans données fiables, impossible de cibler les espèces les plus dangereuses, comme E. coli ou Staphylococcus aureus. « Nous voulons nous assurer que dans chaque pays, nous avons un réseau de laboratoires très bien outillés », martèle-t-il.

Le Fonds mondial, à travers Juliet Bryant, renchérit sur l’importance de travailler ensemble. « On est convaincu qu’on a beaucoup d’expertise ici en Afrique de l’Ouest », dit-elle, soulignant que l’initiative régionale WERO vise précisément à stimuler ce partage de compétences.

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Pour le Togo, qui accueille l’événement, l’engagement est total. « Sans données, nous ne pouvons pas prendre des décisions », rappelle le Professeur Mounerou Salou, évoquant l’approche One Health qui relie santé humaine, animale et environnementale.

Le réseau PROALAB, représenté par le Dr Olivier Manigart, complète la vision : 25 laboratoires déjà renforcés, 15 millions d’euros investis, et une troisième phase qui veut porter ce nombre à 30, avec des infrastructures rénovées et des plateformes numériques prêtes à capter les signaux d’alerte.

Dans un monde où les pathogènes ne connaissent pas de frontières, l’Afrique de l’Ouest avance, pas à pas, vers une vigilance collective qui pourrait sauver des millions de vies.

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