Ressentir les pouls de la civilisation africaine au Musée des Civilisations Noires du Sénégal

Au cœur de Dakar, capitale du Sénégal, se dresse le Musée des Civilisations Noires. Sa grande salle centrale est dominée par une imposante sculpture en acier représentant un baobab dont les branches s’étendent dans toutes les directions, telles des veines de culture et d’histoire. Sous la vaste rotonde du musée, le personnel s’affaire à préparer une journée d’exposition spéciale dédiée aux enfants.

Le 18 mai, l’établissement a marqué la Journée internationale des musées avec une programmation spéciale. « Le thème de cette année est centré sur les enfants », a déclaré le directeur du musée, Mohamed Abdallah Ly. « Les enfants et leurs familles peuvent visiter le musée gratuitement. Nous avons également organisé une série d’activités culturelles pour leur permettre de découvrir et d’embrasser leur propre patrimoine dans la joie », a-t-il dit.

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Le projet fleuron de la coopération culturelle sino-africaine, ce musée, construit avec l’aide de la Chine et inauguré en décembre 2018, est devenu un phare culturel majeur, non seulement au Sénégal, mais sur l’ensemble du continent africain. Il remplit plusieurs missions : conservation du patrimoine, soutien à la recherche académique, organisation d’expositions et éducation du public. Dès l’entrée, les visiteurs sont plongés dans un récit résolument africain. Les expositions sont articulées autour de thèmes tels que « Le berceau de l’humanité », « Caravane et pirogue » ou « L’Afrique aujourd’hui ».

Des peintures rupestres préhistoriques, aux objets artisanaux traditionnels, en passant par des reliques coloniales et des œuvres contemporaines, les collections couvrent le continent africain et sa diaspora dans les Caraïbes et en Amérique latine, retraçant les racines profondes et les expressions vibrantes de la civilisation africaine. « Ce que je préfère, c’est la galerie des masques. Elle raconte des histoires sur nos ancêtres et les esprits », confie Mamadou Diouf, un jeune visiteur de sept ans. Son père ajoute que Mamadou s’est toujours intéressé à la culture sénégalaise. « Ce musée lui permet de voir de près des choses qu’il ne connaît qu’à travers les livres.

 » L’un des objets les plus fascinants est l’épée du 19e siècle ayant appartenu à Omar Tall, chef musulman ouest-africain. Jadis dérobée par les forces coloniales françaises, elle avait été conservée pendant des décennies au Musée de l’Armée à Paris. Alors que les demandes de restitution des biens culturels pillés durant la colonisation se multiplient en Afrique, l’épée a été de retour au Sénégal en 2019 dans le cadre d’un prêt. Elle est devenue un symbole fort de la mémoire nationale et du mouvement de restitution. En 2018, la France a proposé de reconstruire les relations culturelles avec les pays africains sur la base de l’histoire partagée.

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Le Sénégal a été l’un des premiers à formuler probablement une demande de restitution. Depuis, le Musée des Civilisations Noires s’est dit prêt à jouer un rôle de plateforme pour accueillir et exposer les objets restitués. Il prévoit de créer une section dédiée à l’histoire passée et présente de ces biens et approfondir la compréhension publique de leur importance historique et contemporaine.

Aujourd’hui, le musée joue un rôle croissant dans la construction de l’identité culturelle africaine et la promotion du processus de restitution. « Nous nous engageons à raconter l’histoire de la civilisation africaine selon notre propre regard », explique M. Ly. « A travers des expositions régulières et des événements scientifiques, nous voulons déconstruire les récits eurocentristes.

Ce musée n’appartient pas seulement au Sénégal, il porte la dignité culturelle et la fierté de tout le continent africain, ainsi que de la communauté noire mondiale. » Par ailleurs, le musée est aussi un symbole de la coopération culturelle entre la Chine et l’Afrique.

Au-delà de la construction, la Chine continue d’apporter son soutien en matière de maintenance des installations, de formation du personnel et bien plus encore. « C’est un modèle de coopération durable et porteur de sens », souligne M. Ly. « Nous espérons approfondir notre partenariat avec la Chine, notamment dans les domaines de la numérisation des expositions, de la conservation des collections et de l’échange de savoirs. »

Xinhua

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