Dans l’est de la République démocratique du Congo, la ville de Goma, dont la rébellion a affirmé avoir pris le contrôle, s’est réveillée timidement avec les agitations urbaines qui ont repris dans les rues et les magasins qui ont rouvert leurs portes, sous l’ombre de l’incertitude et de la crise humanitaire.
A Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu (est) et hub urbain régional, les résidents ont tenté de ramasser les morceaux de leur vie brisée, quelques jours après que la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) a dit le 26 janvier avoir pris contrôle de la ville, ce qui n’a pas été reconnu par le gouvernement congolais.
Des maisons pillées, des camions militaires saccagés et des douilles éparpillées au sol, telle est la scène à Goma, qui a connu des dégâts matériels et humains suite à des jours de combats violents opposant le M23 aux militaires armés de la RDC.
Au cours du week-end écoulé, les résidents ont été mobilisés pour nettoyer la ville, en débarrassant les artères des objets mélangés aux effets militaires éparpillés, dont des véhicules militaires endommagés lors des hostilités. « Il y a plus de 2.000 corps à enterrer », a indiqué lundi soir Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais lors d’un point de presse dans la capitale Kinshasa, parlant du bilan des hostilités enregistrées à Goma.
Depuis jeudi dernier, l’eau, le courant et l’Internet ont été rétablis à Goma, ville qui abrite environ un million d’habitants et plus de 700.000 déplacés et où le M23 a décidé jeudi dernier d’établir « une administration civile”.
A l’aéroport international de Goma, toujours fermé par le M23, les compagnies aériennes et agences qui opèrent dans l’enceinte de l’aéroport déplorent également les pillages dans les entrepôts, où ont été stockés des biens humanitaires.
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Depuis quelques jours, la rébellion a ordonné plusieurs opérations de ratissage contre des piliers qui opèrent encore dans des quartiers périphériques de la ville avec des armes jetées lors des combats.
Sur les artères où les camionneurs ont déchargé les marchandises pour les vendeuses locales, les agitations urbaines sont revenues dans ces marchés de circonstance. « Nous sommes lieux de la cité de Minova avec nos camions pour ravitailler la ville de Goma en nourriture. Sur les routes, nous n’avons pas eu de problème particulier de sécurité.
C’est pour nous un sentiment de satisfaction de voir que les activités ont représailles », a déclaré Samy Mumbere, un transporteur venant de Minova, une cité dans la province du Sud-Kivu qui est également sous l’occupation du M23. Cependant, l’entrée du groupe armé, notamment le M23, dans la ville de Goma, a aggravé la situation humanitaire et la gestion des blessés, avec une saturation des hôpitaux et structures sanitaires, a averti dimanche l’Organisation mondiale de la santé ( SGD).D’après ActionAid, une organisation non gouvernementale, Goma a également connu une hausse des prix des denrées alimentaires et des déplacements, le coût des produits de première nécessité comme la farine et l’huile ayant plus que doublé.
La Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) s’est déclarée préoccupée par l’avancée signalée du M23 vers Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. La rébellion a annoncé lundi soir via un communiqué cependant n’avoir pas l’intention de contrôler la ville de Bukavu, tout en décrétant un cessez-le-feu unilatéral à partir de ce mardi pour des raisons humanitaires. Le gouvernement congolais n’a pas encore fait de commentaire sur ces remarques du M23.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est déclaré profondément préoccupé par l’escalade des violences dans l’est de la RDC et a réitéré sa condamnation la plus ferme de l’offensive en cours du M23 et de ses avancées vers Goma. Il a appelé le M23 à cesser immédiatement toutes les actions hostiles et à se retirer des zones occupées. Plus de 400.000 personnes ont été déplacées depuis le début de l’année dans l’est de la RDC, selon l’ONU.
Xinhua