Le ministre de la Culture et du Tourisme, Dr Gbenyo Kossi LAMADOKOU a rencontré le 16 septembre 2022 à son cabinet, préfets et maires du District autonome du grand Lomé. A l’ordre du jour des discussions : imprégnation de la réglementation en vigueur quant à la protection du patrimoine culturel immobilier, constitué des bâtiments architecturaux, des sites et monuments ayant une importance historique, religieux, commémorative, architecturale, ornementale, etc. Y ont également pris part aux échanges : directeurs techniques compétents sur les questions liées à conservation et à la gestion du patrimoine culturel et au développement touristique, la directrice du Palais de Lomé et autres personnes ressources…
Pourquoi un telle rencontre ? Il était devenu impérieux et vital pour le ministre LAMADOKOU de se saisir de son bâton de pèlerin face à des actes qui militent contre la protection du patrimoine dans le Grand Lomé. En effet, dans la capitale togolaise, l’on assiste régulièrement depuis quelques temps à des « destructions » du patrimoine culturel comme cela s’est observé en période de guerre ou d’instabilité en Syrie, au Yémen, au Mali, etc. Sauf que Lomé n’est pas du tout en guerre et loin s’en faut. Des maisons, des édifices identifiés d’une valeur historique, architecturale… incalculable, souvent les tout premiers de la ville naissante de Lomé il y a des décennies voire des siècles, sont entrain de crouler comme des châteaux de carte. Ils sont pour la plupart vendus par des familles et des ayant-droits, qui malheureusement sont peu sensibilisés sur les réglementations en vigueur, ou soit n’ayant jamais reçu de notifications conformément par exemple, à l’arrêté n°037/MCCSFC/CNPC/2017 du 23 mars 2017 portant inscription des sites et monuments du Togo sur la liste nationale d’inventaire des biens culturels.
Pourtant, l’on s’en aperçoit, la protection du patrimoine est bel et bien encadrée juridiquement au Togo. Dans la mesure surtout où l’Etat togolais s’est vite rendu compte que la protection des biens culturels patrimoniaux, non remplaçables et dont la perte est irrémédiable, s’impose à notre société́. Encore que le patrimoine est fragile. D’où l’idée d’une rencontre d’information, de sensibilisation et d’échange avec ces acteurs de premier plan dont l’implication pourrait faire freiner le fléau.
Ce qu’en dit la loi
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« Pour assurer la protection de ces valeurs, la loi n°90-24 du 23 novembre 1990 relative à la protection du patrimoine culturel national a prévu un certain nombre de dispositions allant de l’inscription des biens culturels sur la liste d’inventaire, puis sur la liste nationale et enfin leur classement qui permet à l’Etat d’imposer au propriétaire, détenteur ou occupant d’un bien culturel d’intérêt public, des servitudes particulières qui grèvent l’utilisation ou la libre-disposition de celui-ci », a rappelé le ministre LAMADOKOU, avant de marteler qu’« une fois notifiée au propriétaire, détenteur ou occupant du bien classé qu’il s’agisse de l’Etat, des collectivités locales, des associations ou personnes morales, des collectivités ou des individus, celui-ci ne peut procéder désormais à tous travaux de destruction, démolition, défiguration, mutilation, modification, transformation, réparation, peinture, agrandissement ou restauration, sans l’autorisation expresse et préalable du ministre chargé, selon le cas, de la culture ou des travaux publics et de l’urbanisme. Il en est de leur aliénation ou vente qui est soumise à des conditions particulières. »
Cette rencontre d’importance vient à point nommé, puisque des bâtiments historiques du Grand Lomé inscrits pourtant sur la liste nationale subissent toujours des démolitions, dans l’ignorance des propriétaires, et sans aucune autorisation préalable. Ou soit, ils végètent dans un état de délabrement.
Conscient de la taille de l’enjeu, le ministre a promis que le nécessaire sera fait très prochainement « afin que l’ensemble des textes juridiques sur la protection du patrimoine culturel soit mis à la disposition des préfets et maires d’une part, et qu’avec le concours de ces derniers, la notification de l’inscription sur la liste soit faite aux propriétaires, détenteurs ou occupants des biens concernés se trouvant dans le ressort de leur territoire respectif d’autre part ». Et ce surtout que la loi a prévu la publication au journal officiel de la liste d’inventaire, de la liste nation des biens culturels et surtout la notification du classement aux propriétaires, détenteurs ou occupant.
Rappelons que cette rencontre s’inscrit dans le cadre du projet « Patrimoine, identité et développement local » initié dans le sens de la mise en œuvre de la Feuille de route gouvernementale 2020-2025, projet visant à sensibiliser et accompagner les collectivités locales dans la protection du patrimoine culturel immobilier et en faire un levier de développement.
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