Au Bénin, une nouvelle loi interdit formellement aux chefs traditionnels de s’impliquer dans les activités politiques. Désormais, ceux qui dirigent les royaumes et les communautés locales devront faire un choix : rester au service des us et coutumes ou s’engager en politique mais pas les deux.
Votée récemment par l’Assemblée nationale, la loi réorganisant le statut des chefferies traditionnelles impose une séparation nette entre pouvoir coutumier et engagement partisan. L’article 17 est sans ambiguïté : « Le roi, le chef supérieur ou le chef coutumier ne peut être membre d’aucun parti politique. » Un moratoire de trois mois est accordé aux intéressés pour se retirer de toute structure politique. Passé ce délai, ils risquent la destitution.
Des peines sévères pour les contrevenants
La loi ne laisse que peu de place à l’interprétation. L’article 40 prévoit que tout chef engagé en politique pourra être sanctionné, selon la gravité du manquement. Avertissements, suspensions allant jusqu’à six mois, voire retrait d’acte de reconnaissance sont à craindre. Et ce dernier est particulièrement redouté : il entraîne la perte de tous les attributs liés au statut de chef, ainsi que les avantages qui y sont associés.
Lire aussi : Savanes : la jeunesse agricole outillée pour un avenir plus fertile
Un débat qui divise les Béninois
Sur les réseaux sociaux comme dans les débats publics, les avis sont partagés. Certains craignent que cette loi n’affaiblisse l’influence des chefs traditionnels, souvent perçus comme des relais puissants dans les campagnes électorales. D’autres, au contraire, saluent la clarification. « Séparer le pouvoir traditionnel du politique est une avancée. Cela donne un vrai cadre aux chefferies », commente un internaute.
Lire aussi : Crise RDC-Rwanda : le chef de la diplomatie angolaise à Lomé
Un retour à la noblesse du rôle traditionnel ?
Sa Majesté Gangouro Souambou, roi de Kika dans la commune de Tchaourou, s’est exprimé favorablement sur cette nouvelle législation. « Aujourd’hui, avec cette loi, il y aura un ordre même au niveau des préséances. La royauté a quand même retrouvé sa noblesse », a-t-il affirmé, tout en reconnaissant certaines omissions dans le texte.
Il faut dire que les chefs traditionnels jouent un rôle bien au-delà des rituels. À chaque élection, certains candidats leur rendent visite, espérant des bénédictions, du soutien et la mobilisation de leurs communautés. Certains chefs sont même allés jusqu’à figurer sur des listes de partis. Une ère semble se clore.