La commission instaurée par les autorités militaires au pouvoir au Niger a récemment proposé une transition d’au moins 5 ans avant un éventuel retour à un régime civil. Le 20 février, la télévision nationale a relayé cette décision, qui suscite de nombreuses réactions aussi bien au sein du pays qu’à l’étranger.
Abdoulaye Seydou, vice-président de la commission, a précisé que la durée retenue était de 60 mois, tout en laissant entendre qu’elle pourrait être ajustée en fonction de l’évolution du contexte sécuritaire. Mamoudou Harouna Djingarey, président de la commission, a confirmé cette orientation et annoncé que les partis politiques actuels seraient dissous. Une nouvelle charte prévoyant l’existence de seulement deux à cinq formations politiques devrait être mise en place.
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Un tournant politique sous influence étrangère
Depuis le coup d’État de 2023, le régime militaire nigérien s’est inscrit dans une logique de rupture avec la France et plusieurs autres partenaires occidentaux, à l’image des juntes au pouvoir au Mali et au Burkina Faso. Dans sa lutte contre les groupes djihadistes actifs dans la région, il s’est rapproché de la Russie pour obtenir un appui militaire.
Une transition sous surveillance
Si les autorités justifient cette période prolongée par la nécessité de stabiliser le pays, plusieurs interrogations subsistent. La suppression des partis et la concentration du pouvoir entre un nombre réduit de formations font craindre une consolidation du régime militaire au détriment du pluralisme politique. Certains analystes redoutent une dérive autoritaire dissimulée sous couvert de réforme institutionnelle.
Face à ces incertitudes, la CEDEAO, l’Union afrricaine et d’autres acteurs internationaux devront surveiller de près l’évolution de la situation pour éviter que cette transition ne se transforme en une prise de pouvoir prolongée par la junte. Quant aux Nigériens, ils attendent des garanties concrètes sur la sincérité de l’engagement à rétablir la démocratie.