À un peu plus de six semaines du scrutin municipal, l’adoption, le 21 mai, d’un décret remaniant les circonscriptions et faisant bondir de 136 le nombre de conseillers locaux, a provoqué un éclat de voix au sein du Cadre permanent de concertation (CPC). Les partis politiques réclament à la fois l’abrogation de ce texte et le report des élections, tandis que la question du renouvellement de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) demeure toujours en suspens.
Adopté après le lancement officiel des opérations électorales, le décret de redécoupage municipal modifie sensiblement les contours de plusieurs circonscriptions et fait passer le total des élus locaux de 2015 à 2025 de X à X+136. Pour les formations politiques, cette révision tardive déstabilise leurs stratégies : listes constituées, campagnes territoriales amorcées, logistique engagée… « Prendre un tel texte en pleine course électorale complique sérieusement le travail des partis sur le terrain », a souligné Me Mouhamed Tchassona-Traoré, président du Mouvement citoyen pour la démocratie (MCD).
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Au-delà du découpage, l’autre pomme de discorde reste la composition de la Céni. Jugée par de nombreux délégués « désuète et peu transparente », elle fait systématiquement l’objet de critiques à chaque échéance électorale. Plusieurs représentants ont exigé sa refonte complète avant toute nouvelle date de scrutin, estimant qu’une commission crédible et impartiale est la clé d’une élection apaisée.
Le gouvernement avance ses pions
Face à ces revendications, Hodabalo Awate, ministre de l’Administration territoriale et rapporteur du CPC, a opté pour la conciliation : il a pris note des différentes propositions et s’est engagé à les porter directement à l’attention du président du Conseil. « Nous devons trouver au plus vite des solutions idoines », a-t-il assuré, invitant les partis à maintenir un dialogue constructif.
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Un test majeur pour la décentralisation
Dans un pays où la décentralisation peine à tenir ses promesses, ce bras de fer sur les règles du jeu électoral fait peser une lourde incertitude sur la tenue effective du scrutin du 10 juillet. Le dépôt des candidatures, ouvert depuis le 20 mai, se clôturera le 29 mai, laissant peu de marge de manœuvre pour lever les derniers blocages.
Entre appels au retrait du décret et demandes de révision de la Céni, l’organisation des municipales se jouera dans les prochains jours au rythme des arbitrages politiques : retarder l’échéance ou confirmer la date butoir, chaque option portera ses conséquences sur l’équilibre des forces locales.