Alors que la révision des listes électorales a officiellement démarré ce lundi 7 avril dans la zone 1, des partis d’opposition montent au créneau pour dénoncer une démarche précipitée et un manque flagrant de concertation. Dans un communiqué publié la veille, cinq formations politiques expriment leur inquiétude quant à la transparence du processus, et appellent le gouvernement à des ajustements urgents.
Le décret présidentiel n°2025-030/PR, signé le 1er avril et rendu public peu après, fixe la période de révision des listes électorales du 7 au 23 avril 2025. Ce texte a pris de court plusieurs acteurs politiques, notamment les partis d’opposition qui affirment ne pas avoir été consultés. Dans un communiqué conjoint daté du dimanche 6 avril, le CAR, le PSR, Santé du peuple, Le Togo autrement et l’UDS-Togo font part de leur « étonnement » face à ce qu’ils considèrent comme une décision unilatérale, prise sans même solliciter l’avis du Cadre permanent de concertation (CPC), pourtant censé garantir un dialogue politique minimal.
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Des anomalies déjà signalées lors du recensement précédent
Pour ces formations, l’absence de dialogue est d’autant plus grave qu’elle s’inscrit dans une logique qu’elles estiment déjà problématique. Elles rappellent qu’en 2023, lors du recensement électoral, plusieurs dysfonctionnements avaient été constatés. Elles dénoncent notamment la lenteur des équipements dans certains centres d’enrôlement et des délais jugés trop courts, surtout dans les zones où l’opposition est bien implantée. Ce scénario semble se reproduire selon elles, et alimente les soupçons de partialité dans l’organisation du processus électoral.
Un appel en trois points au gouvernement
Face à ce qu’elles perçoivent comme un risque de crise électorale, les cinq partis ont formulé un « appel patriotique » en trois points. Ils demandent d’abord que la période de révision des listes électorales dans la zone 1 — qui couvre la région Maritime et la préfecture de Haho — soit prolongée de dix jours supplémentaires. Ensuite, ils plaident pour une campagne de sensibilisation des populations, organisée en collaboration avec la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et les partis politiques, afin de mieux informer sur les modalités d’enrôlement. Enfin, ils exhortent le gouvernement à convoquer une réunion urgente du Cadre permanent de concertation, dans le but d’ouvrir des discussions sur la transparence du processus électoral et l’amélioration du cadre institutionnel.
Un calendrier critiqué jusque dans la société civile
Au-delà de l’opposition politique, le calendrier établi par la CENI suscite aussi des réserves au sein de la société civile. La révision des listes électorales est en effet concentrée sur seulement 17 jours pour l’ensemble du territoire, répartis en trois zones. Dans la zone 1 (région Maritime et préfecture de Haho), elle se tient du 7 au 9 avril. La zone 2 (région des Plateaux, ainsi que Blitta, Sotouboua et Tchamba) sera concernée du 14 au 16 avril. Enfin, la zone 3 (régions de la Kara et des Savanes, plus les préfectures de Tchaoudjo et de Mô) bouclera le processus du 21 au 23 avril. Ce découpage jugé serré fait craindre une faible mobilisation, notamment dans les zones rurales ou enclavées.
L’opposition encourage l’enrôlement malgré tout
Malgré ce climat tendu, les signataires du communiqué appellent les citoyens à ne pas se laisser gagner par la résignation. Ils incitent tous les Togolais âgés de 18 ans et plus à se faire enrôler, y compris ceux ayant perdu leur ancienne carte d’électeur. Selon eux, la participation reste un outil essentiel de changement. « Frustration, colère ou lassitude sont compréhensibles, mais le vote reste un levier de changement. Il ne faut pas abandonner ce droit », insistent-ils dans un appel solennel.
Cette phase de révision électorale marque le coup d’envoi concret du processus menant aux prochaines élections municipales. Toutefois, l’ambiance tendue dans laquelle elle démarre laisse présager des tensions à venir, à moins que les autorités ne prennent en compte les doléances exprimées par l’opposition. Entre crispations politiques et mobilisation citoyenne, le chemin vers le scrutin s’annonce déjà houleux.