Municipales 2025 : le Togo rebat les cartes de la représentation locale


Le Togo s’apprête à renouveler ses conseillers municipaux le 10 juillet prochain. Mais cette échéance électorale se fera avec une nouveauté de taille : la hausse significative du nombre de sièges à pourvoir. Un décret signé par le président du Conseil, Faure Gnassingbé qui revalorise la représentation locale en faisant passer le nombre total de conseillers municipaux de 1527 à 1663, soit 136 élus supplémentaires.

Fait notable, cette refonte n’implique aucune modification du découpage territorial : les 117 communes restent inchangées. C’est donc à l’intérieur de cette architecture que les ajustements se font, avec l’objectif affiché de mieux refléter la répartition actuelle de la population.

Derrière cette réforme se cache une volonté de coller aux réalités du terrain. Le gouvernement s’est appuyé sur les conclusions du 5ᵉ Recensement général de la population et de l’habitat, conduit par l’Institut national de la statistique (INSEED), ainsi que sur les recommandations issues du Cadre permanent de concertation (CPC) et de la plateforme de dialogue entre majorité et opposition.
Les nouvelles clés de répartition révèlent de fortes disparités :
La Région des Savanes, avec ses 16 communes, obtient désormais 240 sièges.
La Kara, plus vaste, voit ses 22 communes représentées par 270 conseillers.
La Région Centrale, souvent perçue comme moins densément peuplée, se contente de 197 élus.
Les Plateaux, forte de 32 communes, en accueillent 428.
Quant à la Région Maritime, qui inclut le Grand Lomé, elle culmine avec 528 sièges, concentrant à elle seule près d’un tiers des représentants à élire.

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Représenter plus juste, ou renforcer l’emprise du pouvoir ?

Officiellement, l’État évoque une simple mise à jour de la carte électorale locale, justifiée par l’explosion démographique de certaines zones urbaines et périurbaines. Mais dans les rangs de l’opposition, la méfiance persiste. Si l’augmentation du nombre de conseillers n’a pas provoqué de levée de boucliers, la transparence du processus reste un point de friction, notamment en ce qui concerne le financement des campagnes et la composition des commissions électorales locales.

Un scrutin local aux enjeux politiques nationaux

Ces élections municipales ne sont que la deuxième du genre depuis le retour à la décentralisation en 2019, après trois décennies d’administration provisoire des collectivités locales. Ce scrutin s’inscrit dans un contexte politique encore marqué par les remous de la réforme constitutionnelle d’avril 2024, qui a redessiné les équilibres institutionnels du pays. Si les tensions se sont apaisées depuis, les lignes de fracture entre les camps demeurent visibles.

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Pour les autorités, ce réajustement est un signal de bonne volonté. Pour certains observateurs, il s’agit d’un mouvement tactique à l’approche d’un scrutin stratégique. Une chose est sûre : le 10 juillet, c’est une nouvelle cartographie électorale qui sera mise à l’épreuve des urnes.

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