Alors que le continent africain multiplie les prouesses technologiques dans le domaine des paiements numériques, une vérité inconfortable persiste : plus de 400 millions d’Africains restent exclus des services financiers. Réunis ce 19 juin à Lagos, pour une visite d’apprentissage entre pairs, AfricaNenda Foundation et le Nigeria Inter-Bank Settlement System (NIBSS) ont lancé un plaidoyer vibrant pour des systèmes de paiement évolutifs, inclusifs et véritablement africains.
Alors que les progrès technologiques se multiplient, une triste réalité demeure. « Plus de 400 millions d’Africains restent financièrement exclus », a rappelé le Dr Robert Ochola, PDG d’AfricaNenda. Une contradiction qui, selon lui, est « non seulement insoutenable, mais surtout inacceptable ». Il appelle à repenser les infrastructures financières en profondeur : La vraie question est la suivante : pouvons-nous bâtir des systèmes inclusifs et évolutifs au service de tous les citoyens, et pas seulement de quelques privilégiés ? »
C’est dans cet esprit que le Nigeria, hôte du forum, a présenté son modèle phare : le système NIBSS. Une plateforme performante qui, selon le Dr Ochola, « traite près d’un milliard de transactions par mois », connecte banques, fintechs, et opérateurs 24h/24, et repose sur « une gouvernance solide et une conception inclusive ».
Mais au-delà des prouesses techniques, l’enjeu est éminemment politique. Premier Oiwoh, directeur général du Nibss, a appelé à dépasser les modèles importés et les frontières artificielles. « L’Afrique doit déconstruire les schémas coloniaux hérités et élaborer des solutions de paiement conçues par les Africains, pour les Africains », a-t-il affirmé. L’ambition qu’il nourrit est celle d’une architecture de paiement pensée localement, régulée en temps réel, et adaptée aux réalités africaines.
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Du côté de la Banque centrale du Nigeria, la priorité est de remplacer l’argent liquide, toujours omniprésent. Musa Jimoh, vice-gouverneur et président de Nibss, a insisté sur la coopération entre régulateurs : « Sortons des cloisonnements juridictionnels pour nous rassembler et agir en Africains. »
Pendant cinq jours, des experts venus de plus de dix pays africains ont partagé savoirs et expériences autour du modèle nigérian. À travers visites, ateliers et échanges de bonnes pratiques, une conviction s’est imposée : l’inclusion financière n’est pas un luxe mais une urgence.
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AfricaNenda, organisation dirigée par des Africains et implantée dans 13 pays, a réaffirmé son engagement : « Nous écoutons, nous apprenons et nous nous tenons aux côtés des différents pays dans la mise en place d’une infrastructure financière inclusive. »
À l’horizon 2030, son ambition est de permettre à 260 millions d’Africains d’effectuer des paiements numériques en toute simplicité et de manière abordable.