La situation d’hostilité à la frontière entre le Togo et le Ghana est un sujet d’actualité remuant. Pour d’aucuns, cette militarisation a une visée protectrice. Elle empêcherait l’entrée illégale des étrangers dans le pays. Du baratin pour d’autres qui évoquent la théorie du complot, un acte posé à des fins électorales. Pour ceux-ci, le déploiement massif et inexpliqué des militaires dans ces régions frontalières a clairement été programmé pour coïncider avec le début de l’exercice d’inscription des électeurs. Le chef traditionnel d’Aflao (ville frontalière et côtière située à l’extrême sud-est du Ghana) semble pencher pour cette dernière hypothèse.
L’élection présidentielle approche au Ghana et les élans nationalistes renaissent, tentant de mettre la Volta, Togo britannique, à part. Il y a une semaine, le chef traditionnel d’Aflao s’est confié sur le sujet. Il n’est pas du tout ravi par la situation qui prévaut dans sa zone.
« Jusqu’aujourd’hui, j’ignore la raison qui sous-tend la présence des militaires dans notre zone. De ce fait, je demande au gouvernement ghanéen d’expliquer instamment la situation aux populations, de leur dire ce que viennent chercher les militaires sur notre territoire », a-t-il exigé d’entrée.
Définir de nouvelles limites
« Il est temps que les habitants d’Aflao revendiquent leurs droits, que l’opinion mondiale nous reconnaisse à part entière. Je demande que les autorités débloquent des fonds pour définir de nouvelles limites entre le Togo et le Ghana pour que nous sachons justement où s’arrête Aflao ».
Faute de quoi, « on peut craindre un danger qui ne dit pas son nom. A l’état actuel des choses, la levée progressive des mesures restrictives contre la covid-19 autorise les populations à passer la frontière Togo – Ghana avec des vivres. Mais nous apprenons que les militaires bloquent le flux de vivres et nous avons faim ».
« Nous n’avons pas peur »
« Les dockers à Aflao sont nombreux que ceux à Accra. Mais les miens ont été laissés pour compte lorsque les pouvoirs publics ont distribué des vivres dans le pays pour lutter contre la covid-19. Nous sommes martyrisés. Tout de même, nous n’avons pas peur. Nous côtoyons chaque jour des armes. Nous voulons que le gouvernement sache que jamais, personne n’achètera nos votes contre des billets. D’ailleurs, nous n’accordons pas d’importance particulière à ces votes ».
Attention
« Les frontières sont fermées et nous avons faim. Nous sommes sur nos nerfs, l’intimidation militaire peut être la goutte d’eau qui va déborder le vase. Rappelez les militaires sinon nous nous investirons dans le défi que vous nous lancez et nous vaincrons », a-t-il averti.
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