Dans le silence des couloirs diplomatiques, le Togo est devenu une destination imposée pour des migrants rejetés des États-Unis, puis redirigés par le Ghana. Selon l’avocat Oliver Barker-Vormawor, au moins 6 personnes ont été « expulsées » vers le Togo, sans attendre la fin de leur procédure devant la justice ghanéenne.
L’histoire commence de l’autre côté de l’Atlantique. Sous l’impulsion de Donald Trump, l’Amérique multiplie les renvois massifs. 11 ouest-africains dont 3 Togolais ont ainsi été expulsés vers le Ghana début septembre. Mais leur rétention à Accra a déclenché une bataille juridique. « Toutes demandaient l’asile aux États-Unis, et elles ont clairement indiqué qu’elles étaient confrontées à des persécutions », plaide Me Barker-Vormawor.
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Le Ghana, sous pression de Washington, a choisi une voie radicale : renvoyer une partie de ces migrants vers le Togo. Officiellement, rien n’a filtré. Ni leur lieu de détention, ni la date de leur arrivée à Lomé n’ont été confirmés. Une opacité qui alimente les inquiétudes.
Dans les rues de Lomé, le sujet circule à voix basse. Comment accueillir des personnes débarquées contre leur gré, parfois sans attaches locales ? Quelle responsabilité pour l’État, pris de court par une décision étrangère ? Ces questions résonnent alors que quarante autres expulsés sont attendus dans les prochains jours.
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Au-delà des chiffres, c’est une image qui frappe : celle de vies ballotées d’un continent à l’autre, privées de choix et d’avenir clair. L’expulsion vers des pays tiers, « dans lesquels elles n’ont souvent jamais vécu », est devenue une arme politique. Et le Togo, aujourd’hui, se retrouve malgré lui en première ligne de cette géopolitique brutale.