Etudiant et chef d’entreprise ? Oui, c’est possible. Dossa Kossi Christ a créé sa société spécialisée dans la peinture bâtiment, la création et la pose de staff tout en suivant les cours en parcours licence en Mathématiques à l’Université de Lomé. Mais, pour ce jeune homme, rien ne s’est passé comme le cours d’un long fleuve tranquille.
Dossa Kossi Christ, du haut de ses 25 ans, est en effet étudiant en troisième année en Mathématiques à l’Université de Lomé. Mais, il n’est pas qu’étudiant. Comme beaucoup d’étudiants, pour pouvoir joindre les deux bouts et garantir un certain devenir, il est obligé de concilier études et plusieurs jobs : répétiteur scolaire, aide-maçon, peintre bâtiment, etc.
Dans le cas spécifique du jeune Christ, concilier études et jobs n’est pas inédit. Se défendre pour joindre les deux bouts, il en a l’habitude depuis la classe de CE2. Kossi payait toujours ses frais de scolarité qu’il gagne en frappant aux portes pour obtenir de petits jobs (métayage, aide maçon…) et subvenir à ses besoins. « Lorsqu’on est né dans une famille polygame, on n’a pas le choix que de se construire soi-même », estime-t-il.
Après avoir décroché son baccalauréat série D à Vogan en 2020, sa localité de naissance, il décide de poursuivre son aventure “sauve qui peut” à Lomé. Et même à Lomé, mettre pieds au campus de Lomé un beau jour était comme un rêve qu’il ne croyait pas pouvoir réaliser rapidement. Et ce n’était pas par manque de volonté. Bien au contraire. « Le manque de moyens me faisait concevoir les études supérieures comme un miracle, pas de soutien de nulle part pour l’accompagnement à poursuivre les études », confie-t-il.
Mais comme la providence sait bien tourner le cours des événements. Les chemins du débrouillard croisent les chemins d’un oncle à Lomé. Attentif aux sollicitations de Christ, ce dernier l’aide pour son inscription à l’université de Lomé. Entre jobs et études, l’étudiant ne désarme pas. Résultats des courses : le niveau Licence en Mathématiques aujourd’hui. Et ce n’est pas fini…
DOSSA Kossi Christ, l’étudiant DG d’entreprise…..
Si c’était à refaire, Kossi n’hésiterait pas une seule seconde ! A 25 ans, il amorce l’année de licence en Mathématiques avec une sacrée valeur ajoutée : suivre les cours tout en montant sa propre entreprise qui offre des services dans la peinture bâtiment, la création et la pose de staff et autres métiers liés à la construction.
« AKUABA » est la dénomination de la société dont certains travaux sont encore en cours d’installation. L’entreprise est située à Amadahome quartier périphérique de Lomé plus précisément, à quelques mètres du CEG.
DOSSA Kossi Christ glorifie ses propres efforts grâce auxquels il a tiré des économies qui lui ouvrent la possibilité de créer sa propre entreprise.
Avec « AKUABA », le jeune étudiant entrepreneur veut intervenir auprès des entreprises de construction nationale comme internationale et s’ouvrir à la jeunesse qui désire poursuivre des études tout en expérimentant des métiers.
Aussi, « l’idée est d’aider les jeunes adolescents orphelins ou non-orphelins, les enfants de rue, étudiants, chômeurs etc. en les accueillant gratuitement afin de leur donner l’opportunité d’apprendre le métier », espère-t-il.
L’histoire de sa formation…
Kossi s’est formé presque sur le tas aux côtés d’un peintre-staffeur du quartier Adidogomé, son quartier d’habitation. Auprès de ce dernier il exerçait pendant les congés et vacances. Il assure même avoir été chef d’orchestre sur des chantiers lorsque son patron vaquait à d’autres occupations. « Tout a commencé là où j’habitais. Lorsque j’ai loué ma chambre à Lomé, je me suis permis moi-même de faire des bricolages de dessin avec de la peinture dans ma chambre. Ce travail est apprécié par tous mes amis qui me rendaient visite et qui m’appelaient pour différentes réalisations chez eux aussi. Petit à petit les voisins ont eu vent de ce que je faisais et ils ont commencé à m’appeler pour ce travail », relate Christ.
Entre études et jobs, un choix cornélien
Avec tout son parcours et en scrutant l’horizon de ses projets, l’étudiant entrepreneur est formel. Il est quasi impossible d’abandonner ce qui lui procure un peu de l’argent « Je ne peux pas me passer du travail, parce que c’est ce qui fait avancer mes études. Aujourd’hui, quand on parle des études supérieures, il faut aussi parler d’argent. D’abord, pour mon logement, ensuite la restauration et beaucoup d’autres choses importantes comme les livres, les photocopies, etc. On ne peut aller loin dans les études en comptant uniquement sur les autres. Pour faire court, une bonne organisation favorise une parfaite harmonie entre l’entrepreneuriat et les études », martèle-t-il, tout en avouant qu’il est difficile de concilier études et activités.
Dossa Kossi Christ rassure « quand on est pris de passion pour un métier, pour le concilier avec les études, c’est compliqué. Mais la gestion est facile si on est bien organisé. Je m’établis un programme en tenant compte aussi des programmations de cours à l’université. Le jour où il y a cours, je suis en amphi. Et pendant mes temps libres, je me consacre entièrement à mon travail, soit à mes préparatifs de cours de répétition. Pas de diversion parce que je suis conscient qu’il n’y a personne pour me soutenir, mais Dieu est présent à mes côtés », professe le jeune entrepreneur.
Si le rêve Dossa Kossi Christ commence par devenir réalité, il pourrait bien inspirer les autorités de l’Enseignement supérieur de notre pays. Elles peuvent réfléchir d’ores et déjà à la création et à la promotion d’un statut d’étudiant entrepreneur. On aurait ainsi créé un cadre d’accompagnement pour des futurs Aliko Dangoté made by Université de Lomé.