Le métier de conducteur de taxi-moto communément appelé “Zémidjan” est devenu aujourd’hui un tremplin pour de milliers de personnes, surtout des jeunes diplômés sans emploi. Il leur permet de joindre tant bien que mal les deux bouts en attendant de trouver mieux.
Assou Bakpo, la quarantaine d’années est nanti d’une licence en Sociologie, diplôme obtenu vers la fin des années 90. Face au chômage, il passe de vendeur de pure water pour se reconvertir en zémidjan afin de pouvoir mieux répondre à ses obligations familiales. Et son parcours est semblable à celui d’autres Togolais qui, sans emploi, sont incapables d’investir pour se procurer une moto avant de débuter le travail. ” Au début, je me suis engagé auprès d’un collègue qui m’a payé une moto et à qui je dois rembourser en 18 mois. Donc je remboursais 8000 FCFA par semaine. Actuellement j’ai ma propre moto avec laquelle j’effectue mon activité “, explique Assou.
“C’est une activité rentable, même si aujourd’hui nous sommes concurrencés par Olé, Gozem…”, a-t-il laissé entendre. Marié et père de trois enfants, ( l’aîné, Jean 22 ans en première année de sociologie à l’Université de Lomé, le second Aurélie 19 ans en Terminale A4 au Lycée d’Agoè et le benjamin 4 ans), M. Assou confie qu’il effectue ce métier depuis quinze (15) ans. ” J’en ai fait une passion de “surnom”, une profession, parce que c’est grace à cette activité que je parviens à payer les frais de scolarité à mes enfants et même créer une activité génératrice de revenus (revendeuse d’objets plastiques) à ma femme”, s’est- il confié, tout fièrement.
Endurant et fatigant, mais passionnant et satisfaisant…
Pour ce père de famille, il pouvait gagner jusqu’à 7000 par jour, voir plus surtout les dimanches. Déjà à 6h, il se retrouve dans les rues de Lomé pour trouver des clients et il finit à 20h, parfois les dimanches de 6h à 18h.
Par contre, il avoue que ” c’est un métier qui fatigue. On se tue à petits feux, à force de conduire tous les jours, j’ai des courbatures dans tout le corps, notamment aux épaules, aux avant-bras et à la hanche. Heureusement que ma femme est là pour me masser quelques fois (rires)”.
En effet, on constate que ces derniers temps, la conduite de Zémidjan autrefois perçue comme un métier de seconde zone est pris d’assaut par bon nombre de personnes, toutes générations, toutes catégories sociales (étudiants, ouvriers, artisans, enseignants et même des fonctionnaires), qui après le travail font du Zémidjan de jours comme de nuits en quête de revenus. Et comme l’indique un autre, fonctionnaire qui préfère l’anonymat, exerçant le métier les soirs ” au moins ça permet de payer du carburant et donner l’argent de petit déjeuner aux enfants en attendant la fin du mois “. On peut donc dire que devenir “Zémidjan” constitue aujourd’hui un dernier recours pour ces citoyens togolais désargentés.
Destiné auparavant aux hommes, le secteur inclus aujourd’hui également des femmes malgré l’effort physique et l’endurance que cela requiert.
Par ailleurs, il faut souligner aussi que face à la recrudescence des accidents sur les routes et surtout au non-respect du code de la route, l’Etat togolais travaille à s’appuyer sur le Collectif des Organisations Syndicales des Taxi-motos et tricycles du Togo (COSTT) pour formaliser le secteur des taxi-motos et tricycles qui est un domaine non-négligeable dans le transport interurbain. La décision qui fait son chemin concerne les compagnies de transport de taxi-motos qui se créent pour ne recruter que des conducteurs disposant d’une autorisation.
Lire aussi: Transports routiers : le COSTT en front contre le terrorisme
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