Un peu plus de 4 mois après le rétablissement spectaculaire des relations entre la Côte d’Ivoire et le Mali – suite à l’affaire des 49 militaires ivoiriens – qu’il a chaperonné, le Togo chercherait-il à renforcer son offensive diplomatique dans la sous-région ouest-africaine ?
Dimanche 23 avril 2023, le chef de l’État togolais, Faure Gnassingbé a reçu à Lomé, un missi dominici de son homologue de la Guinée, Colonel Mamadi Doumbouya. Il s’agit du ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Guinéens de l’étranger, Dr Morissanda Kouyaté, porteur d’un message, relatif aux relations d’amitié et de coopération entre les deux pays.
« J’ai transmis au président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, un message d’amitié et de fraternité du président, Mamadi Doumbouya. Cette visite vise à renforcer davantage les relations bilatérales avec une nouvelle ère de coopération. Le président togolais suit avec attention le processus de transition en Guinée », a indiqué le Chef de la diplomatie guinéenne.
Conakry à la recherche de la facilitation de Lomé ?
Le ministre des Affaires étrangères guinéenne ne l’a pas annoncé tout haut. Mais bien d’observateurs se posent – et à raison – la question : est-ce pour une demande de médiation togolaise dans la crise entre la junte au pouvoir et des institutions régionales en l’occurrence la CEDEAO ? Ce n’est pas exclu dans la mesure où, l’on le sait, la médiation entre l’institution sous-régionale et le pays du Colonel Mamadi Doumbouya est au point mort depuis plusieurs mois.
Le chef de la junte qui a renversé le 5 septembre 2021, le président Alpha Condé, s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. Mais, la CEDEAO, qui a suspendu la Guinée de ses organes, a rejeté en juillet 2022 ce délai, lors d’une réunion à Accra. La visite du médiateur de la CEDEAO, Yayi Boni suite au rejet du délai proposé par la junte n’a pas fait bouger les lignes jusqu’à ce jour.
Mieux, des opinions sont dubitatives voire sceptiques, quant à la sincérité du Colonel Mamady Doumbouya et ses hommes à rendre le pouvoir aux civils à date échue ? C’est-à-dire après les 3 ans.
Lomé peut-il résoudre l’équation guinéenne alors que la médiation avec la CEDEAO patine – sinon est pratiquement à l’arrêt – depuis bientôt un an ? La percée diplomatique togolaise peut-elle réussir là où celle de la CEDEAO peine à se concrétiser ? La réponse est sans équivoque, « oui ». Et Lomé dispose de tous les atouts. Faut-il rappeler ce récent parrainage du rapprochement ivoiro-malien ? Est-il besoin de rappeler tout le poids que le Togo a pesé dans la balance pour l’abrogation des sanctions contre le Mali, surtout quand la carte de la médiation de la CEDEAO était dans la controverse ?
Wait and see !
Au nom du président guinéen, Dr Morissanda Kouyaté a exprimé sa reconnaissance au chef de l’Etat togolais pour son implication dans le renforcement des relations entre Lomé et Conakry et ses efforts pour la consolidation de la paix, la concorde en Guinée et dans la sous-région ouest africaine.