Large vainqueur du double scrutin législatif et régional du 29 avril dernier, L’Union pour la République (Unir) du président Faure Gnassingbé, se taille la part du lion avec 108 sièges sur les 113 que compte la Chambre basse du Parlement togolais.
Cette grande victoire reste également – il faut y croire – celle de la nouvelle Constitution adoptée par l’Assemblée nationale, à la veille de ce double scrutin, et dans un contexte quelque peu crispé avec plusieurs sons de cloche voire des montées d’adrénaline, entendus ci et là.
Alors qu’un résultat serré était attendu par les observateurs après que l’opposition a appelé son électorat à sortir massivement pour sanctionner le parti au pouvoir dans les urnes, c’est plutôt finalement Unir qui gagne haut la main en réalisant – cerise sur le gâteau – un « raz-de-marée », « un séisme », un « sans précédent » …électoral. Si ce double scrutin peut être considéré comme un référendum (c’était d’ailleurs le vœu des leaders des partis de l’opposition en lice dans ces élections) sur la question de savoir si le gouvernement bénéficie du soutien des Togolais sur le changement constitutionnel, eh bien, la réponse est tout trouvée. Le parti au pouvoir tire parfaitement son épingle du jeu en obtenant plus de voix que toutes les forces de l’opposition réunies. Et en conférant ainsi une forme de victoire à ce nouveau contrat social qui scelle l’entrée du Togo dans une Vème République.
C’est donc un sentiment de grande désillusion qui s’installe dans le camp des partisans de la politique du boycott hier, reconvertis aujourd’hui en partisans de la politique de « vote sanction ». Encore faut-il que cette mayonnaise prenne. A contrario, voilà qu’ils enregistrent la pire débâcle à un scrutin qui a plutôt pris la forme d’un référendum contre leur propre pratique politique. Victimes de leur propre initiative, la « politique sanction » s’est retournée contre eux.
La principale erreur commise par les adversaires d’Unir a été de mettre la question de la Constitution au cœur de la campagne électorale, sans pouvoir trouver les mots et la stratégie justes pour donner aux électeurs la conduite à tenir. Tantôt, on laisse croire que la participation de l’opposition à ce double scrutin sera conditionnée par le retrait de la nouvelle Loi votée ; tantôt on donne l’impression de demander un autre report pour solder la question de la nouvelle Constitution ; tantôt encore, on semble dire qu’on en a marre des reports, etc. et de cacophonie en cafouillage, on entre malgré tout en campagne avec un discours pour le moins, incohérent et incompatible avec les actions.
Il faut bien le souligner. Cette percée d’Unir est si fulgurante que l’écart creusé est significatif, signe sans doute d’une cartographie politique, certes morcelée, mais en pleine reconstruction. Le constat est flagrant : l’opposition conserve quelques bastions mais sans en avoir la mainmise. Alors que le parti Unir est allé décrocher de bons scores dans plusieurs fiefs « traditionnellement » reconnus comme chasse gardée de l’opposition.
Si Unir a gagné, après un scrutin disputé marqué par un taux de participation de 61% contre 60% aux législatives de 2018 (avec l’appel au boycott de l’opposition), c’est entre autres raisons, parce que, la maturité politique des populations fait désormais qu’elles ont les armes pour juger réellement de ce qui est fait mais aussi pour ne pas se laisser entraîner dans des aventures sans lendemain. La maturité amène le courage et le courage amène à faire ses choix en toute honnêteté et transparence. C’est ainsi que la notion de fief de l’opposition a explosé au profit d’un vote d’adhésion à l’offre politique du parti Unir.
Il faut toutefois se réjouir, aussi bien pour l’opposition, pour Unir que pour tous les Togolais. Cette victoire de la nouvelle Constitution du Togo va consacrer un beau jeu de cohabitation à l’Assemblée nationale avec plusieurs ténors politiques comme Klassou, Fabre, Apévon, Adjamagbo…Et qui dit cohabitation dit coalition. Toute chose qui donnerait du piment et du sel à notre nouvelle démocratie parlementaire.
Source : Togo Matin
Lire aussi : Elections législatives et régionales : les premières tendances donnent UNIR en tête