Affable, d’un commerce assez facile, et très adulé d’ailleurs, Jean Koumy, cet artiste aux doigts d’amour et de joie qui façonne la matière et donne une seconde vie aux matériaux et matériels, n’a rien d’une Star dans les rues de sa cité, Lomé, à peine s’il ne passe inaperçu.
Mais, déjà piqué par le virus de la création de donner libre cours à son génie artistique à travers un carnaval de couleurs dans leur forme flamboyante et attractive, un style unique, à la fois très personnel et à portée universelle, l’artiste dont le talent est aujourd’hui salué par des voix plus autorisées commence sa grande traversée de sa reconnaissance nationale. Son empreinte est l’émanation de son éducation, de son vécu, de sa société et d’une continuité de la transmission qui a pour point de chute cet art original et authentique par ses formes, ses choix de couleurs et de matières et ses inspirations. De ces œuvres, se dégagent beaucoup de vitalité, d’humanité, de rythme et de force aux inclinaisons décoratives d’un art qui revivifie dans son renouvellement. Grandiose, splendide à voir, aux ressources énormes et à la source intarissable, on assiste dès lors, à un foisonnement pictural et un engouement réel, suscité par les œuvres de Jean Koumy, qui occasionnent une effervescence croissante et un intérêt manifeste avec des œuvres d’une dimension sublime et rayonnante. L’artiste ne se préoccupe pas d’imiter la nature, mais peint plutôt ses propres images mentales avec sa propre technique et son propre style. Depuis son retour au bercail en 2017, il sème le « Koumysme » dans son pays à travers une trentaine d’œuvres publiques sur les traces de l’inimitable Paul Ahyi.
Lieux de pouvoir et de souveraineté :
Ses tableaux ornent la salle du conseil de la Présidence de la République togolaise à Lomé de même que le pavillon d’honneur du Président de la République à l’aéroport international Gnassingbé Eyadéma de Lomé. L’un de ses tableaux trône également dans le grand hall du même aéroport. Sa fresque mosaïque murale décore les murs au rond-point de l’aéroport. Il a également des toiles dans les bureaux de la Primature de Lomé.
Sociétés de la place à Lomé :
On peut retrouver sa fresque mosaïque murale à la Cimenterie du Togo (CIMTOGO) à Lomé. Une autre fresque mosaïque et peinture décorative murale de l’artiste se trouvent à la devanture de Moov Africa à Lomé. Il a réalisé un panneau au siège de NSI Banque à Lomé. Ses sculptures peuplent le restaurant LE PATIO à la Cité OUA à Lomé. On peut sans risque de se tromper dire que sa palette flamboyante consolide en quelque sorte une fresque murale de Paul Ahyi. Il s’agit de la mosaïque de la façade de l’ancien supermarché Goyi Score, devenu RAMCO. C’est une œuvre que Paul Ahyi avait réalisée en 1976 à Lomé. Cette mosaïque passée patrimoine culturel national ne court plus aucun risque et est même valorisée grâce aux travaux de construction du nouveau supermarché de la société RAMCO sur son site du Grand marché d’Adawlato, en face de l’église évangélique Apégamé. L’unique mur, supportant les deux mosaïques en recto verso : celle de Paul Ahyi (quand on rentre dans le magasin) et celle de Jean Koumy (quand on sort du supermarché) célèbrent cet art mural de deux générations, de deux écoles et de deux visions de la création artistique contemporaine.
Sur l’axe Lomé – Aného :
Citons une fresque au royaume de l’artiste King Mensah, à Agbodrafo. Une autre fresque mosaïque murale à la Station Moov Africa à Kpémé. Tout récemment, toujours dans la même localité de Kpémé, Jean Koumy a été sollicité par l’Office togolais des phosphates, OTP, pour décorer, grâce à ses fresques, un pan de mur de cette grande entreprise, l’un des poumons de l’économie togolaise. A Aného, une fresque mosaïque murale a été posée par l’artiste dans le compte de la Commune des Lacs 1 en tant que maître d’ouvrage.
Université de Kara :
La deuxième université du Togo, en attendant l’université de Lomé, compte une fresque mosaïque murale de Jean KOUMY sur la façade de l’Agora du 21 janvier 2004, historique et symbolique date de l’inauguration de l’Université de Kara au Togo.
Représentations étrangères à Lomé :
Une bonne partie de la peinture décorative sur les plots de la devanture de l’Institut Français du Togo à Lomé est l’œuvre de Jean Koumy. En restant toujours en Francophonie, il est à remarquer que le mur extérieur de la Représentation de l’Afrique de l’Ouest pour la Francophonie, la REPAO (l’ancien BRAO) à Lomé a bénéficié de l’empreinte généreuse de l’artiste. Notons également une fresque murale qu’abrite le lycée français de Lomé. La façade orientée vers l’est et celle vers le sud et l’intérieur de la résidence de l’Ambassadrice des USA au Togo, non loin du CASEF portent des fresques murales de l’artiste.
Les œuvres de Jean Koumy ont l’odeur du monde : la présence de motifs humanoïdes, animaliers ou végétaux, associée à une symbolique forte, rattache la peinture de cet artiste à une forme de réalisme magique. Il faut dire que les émotions sont liées souvent à l’état d’esprit de l’artiste, ce qui peut l’influencer dans l’inspiration et dans l’acte de création. Mais les sentiments et la valorisation de l’homme et de la société prédominent dans son travail. A travers son art, Koumy interprète notre société par le truchement de son propre regard pour lui donner un sens. Pour cela il faut s’impliquer, s’appliquer, aller chercher en soi toute émotion la plus profonde de notre être. Jean Koumy ne déroge pas à cette noble mission. Tirer tout ce qui est positif de nos cultures dans un brassage harmonieux, rationnel et méthodique a toujours guidé cet artiste dans sa quête d’authenticité et de création des œuvres d’une flamboyance unique. Une multitude de couleurs et de formes est au cœur du répertoire de l’artiste. Ses réalisations artistiques vont aux confins des frontières du réalisme et du magique par sa créativité pour montrer que l’art s’inspire de tout ce qui lui donne son originalité, sa beauté en même temps une identité et son authenticité. Allons donc célébrer avec l’architecte des couleurs et des formes la beauté et la clarté de la vie à travers le prisme des « Rêveries de Koumy », autrement dit, le KOUMYSME.
Adama AYIKOUE,
Critique d’art.