Le meurtre de l’Afro-américain George Floyd, le 25 mai à Minneapolis dans l’Etat du Minnesota aux Etats-Unis continue de susciter des réactions et émotions de par le monde. Cet acte raciste a poussé plusieurs personnalités à prendre la parole. Ils dénoncent et condamnent comme l’a fait le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, cette barbarie. Le Franco-togolais Kofi Yamgnane n’est pas resté à l’écart de cette vague de dénonciation. L’ancien maire de Saint-Coulitz (1989 à 2001) a profité de l’occasion pour raconter ses mésaventures en France. Premier noir maire de Bretagne, il a subi des discriminations raciales dans ce pays de l’Europe. De tristes souvenirs qu’il raconte dans une interview accordée à Le Télégramme. Dans son récit, l’ancien député en France (1997-2002) dénonce la banalisation des actes racistes qui règnent de nos jours.
« Il a fallu que je sois élu maire pour souffrir véritablement du racisme. Par cartons entiers, j’ai reçu des lettres d’injures, des menaces de mort. Des messages qui disaient : « Sale nègre, est-ce que tu crois qu’un Noir va gouverner des Blancs ? ». Tous ces cartons sont dans ma cave que l’on a baptisée le musée des horreurs ».
« J’ai été amer lorsque les courriers ont été adressés à l’ensemble de la population de Saint-Coulitz en France. Des courriers où l’on pouvait lire : « Il faut être breton, alcoolique et taré pour n’avoir trouvé qu’un nègre à mettre à la tête de votre mairie ». Là, la colère m’a pris et j’ai eu peur d’autant qu’ils menaçaient de tuer mes enfants qu’ils appelaient mes négrillons. J’ai ressenti de l’amertume, de la colère et de la peur, mais ils n’ont pas mis leurs menaces à exécution ».
Malgré les multiples critiques, certaines personnes ont tenu à féliciter Kofi Yamgnane, président de Sursaut Togo. Il a reçu des tas de lettres d’encouragement, comme celle d’un missionnaire breton vivant en Inde qui lui a écrit qu’il est fier de son peuple breton pour avoir élu un maire noir, a-t-il confié.
« Avant, quand les gens m’écrivaient, ils se cachaient derrière l’anonymat. Aujourd’hui, ils ont pignon sur rue car le Front national a rendu presque normal le sentiment d’être raciste », déplore-t-il.