Pour une visio-conférence ou une formalité en ligne, la connexion internet se constate mais sa vitesse reste frêle. A Lomé, à Accra ou à Dakar, la 5G, promesse d’un continent numérique souverain, peine à s’imposer dans la vie de millions d’usagers, coincés entre ambition technologique et réalité économique.
Selon le rapport conjoint de l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de l’Unesco, « The State of Broadband in Africa 2025 », la 5G ne représente encore que « 1,2 % des connexions mobiles en Afrique subsaharienne ». Un chiffre saisissant, surtout lorsque l’on sait que la Chine affiche 61 % et l’Amérique du Nord 77 %.
Pourtant, les opérateurs africains n’ont pas chômé. « 28 milliards de dollars » ont été investis en 5 ans pour moderniser les réseaux. Mais le constat reste le même : les coûts élevés des smartphones et des forfaits de données ralentissent la démocratisation de la technologie. « Les prix élevés des smartphones et des forfaits de données mobiles constituent des freins majeurs à une adoption plus rapide de la 5G », souligne le Rapport.
Lire aussi : Togo : remise officielle des rapports des élections 2024-2025 au gouvernement
Aujourd’hui, la 3G domine encore plus de la moitié des connexions, suivie de la 4G (un tiers) et de la 2G (10 %). Les projections pour 2030 annoncent une redistribution : 49 % pour la 4G et 17 % pour la 5G. Un progrès, certes, mais bien en deçà du potentiel du continent.
Les grands acteurs comme MTN, Vodacom ou Orange multiplient les initiatives. Le groupe Vodacom vient ainsi de lancer les premiers services 5G au Mozambique, tandis que MTN a franchi le pas au Bénin. Les investissements devraient atteindre « 62 milliards de dollars d’ici 2030 », principalement pour le déploiement de la 5G.
Mais la bataille se joue aussi sur le terrain du pouvoir d’achat. En 2024, un forfait de 2 Go coûtait encore « 4,2 % du revenu mensuel », bien au-dessus du « seuil d’abordabilité de 2 % » fixé par l’UIT.
Lire aussi : Aide au développement en 2023 : le Togo a mobilisé 745,44 millions USD d’appui extérieur
L’Afrique avance néanmoins. En 2024, la couverture mobile atteignait « 88,4 % de la population », tandis que 33 pays disposent désormais d’un ou plusieurs points d’échange Internet, réduisant la dépendance aux liaisons internationales.
De Huawei à M-Pesa, des innovations locales et étrangères tissent un réseau d’espoir. La connectivité progresse : « 38 % des Africains utilisaient Internet en 2024, contre 25 % en 2019 ».
Le continent se connecte, lentement mais sûrement. Reste à rendre ce progrès accessible à tous, pour que la 5G ne soit plus un luxe, mais un levier du développement africain.