Même si l’urbanisation par la bétonisation du sol, le fait que des victimes aient sous-estimé les dangers liés aux pluies torrentielles, les cours d’eau peu protégés, expliquent en partie les inondations meurtrières que certains pays européens ont connu ces derniers jours, cela est surtout caractéristique des événements météorologiques extrêmes, une conséquence du réchauffement climatique.
Les inondations meurtrières qui ont frappé l’Allemagne et une partie de l’Europe la semaine dernière suite à des pluies diluviennes sont d’une ampleur rarement vue, et ont fait au total 183 morts dont 156 en Allemagne, 27 en Belgique, tandis que le Luxembourg et les Pays-Bas ont aussi fait face à une brutale montée des eaux sur une partie de leur territoire.
Comment peut-on expliquer cette brutalité de la pluviométrie ? « Des masses d’air, chargées de beaucoup d’eau, ont été bloquées en altitude par des températures froides, qui les ont fait stagner pendant quatre jours sur la région », explique Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
L’on a assisté à des précipitations intenses, entre le 14 et le 15 juillet, qui ont atteint « 100 et 150 millimètres » soit l’équivalent de deux mois de pluies, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Si la région est coutumière des fortes pluies, celles-ci ont été « exceptionnelles, tant par la quantité d’eau déversée que par leur violence », commente Kai Schröter, hydrologue à l’Université de Postdam.
« Pour le moment, on ne peut pas dire avec certitude que cet événement est lié au dérèglement climatique », mais de tels phénomènes extrêmes deviennent « plus fréquents et plus probables » à cause du réchauffement, estime Kai Schröter. La hausse de la température de la planète augmente mécaniquement l’évaporation de l’eau des océans et rivières, ce qui apporte des « masses d’eau plus importantes dans l’atmosphère ».
Ce phénomène peut accroître le risque de précipitations intenses et violentes, précise le chercheur. Plus généralement, les événements météorologiques extrêmes sont rendus plus probables par le réchauffement climatique, selon le GIEC.
Cet article est rédigé en collaboration avec l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques rendue possible grâce au soutien financier du gouvernement du Québec.
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