Récépissé N° 0010 / HAAC / 12-2020 / pl / P

Impressions de voyage : Ouzbékistan, Samarcande ou la démesure tout court

« La terre que nous nommons notre pays décide de l’état de notre âme envers elle – puisqu’elle détermine notre transcendance. » Théo ANANISSOH plante le décor dans son livre A feu nu, Essais sur nous. L’écrivain togolais ANANISSOH fait ensuite la part des géographies en termes d’état d’esprit du sujet humain : « On ne conçoit pas des dieux marins si l’on est éloigné de tout océan. On n’invente pas des fées et des êtres enchanteurs ou effrayants logés au cœur noir d’une forêt si l’on est de la savane ou d’un milieu désertique. On n’a pas le même imaginaire selon que l’on vit dans l’obscurité épaisse et menaçante de la jungle ou que l’on est bercé (…), par les mugissements inlassables de l’Atlantique. Logique. »

A la faveur d’un voyage professionnel d’environ une semaine en Asie Centrale, c’est enrichissant de partager cette expérience rare en ce qui concerne ces terres de l’ancienne Union des républiques socialistes et soviétiques, URSS.

Syllabation, phonétique et prononciation des deux noms « Ouzbékistan » et « Samarcande » :

Avant la Conférence générale de l’UNESCO à Samarcande en Ouzbékistan en cette année 2025, il faut rappeler qu’il y a deux ans de cela, la dernière Conférence générale de l’UNESCO s’était déroulée à Paris en France. Il a fallu s’habituer avec le temps à l’approche du rendez-vous unescosien à la prononciation de ces deux noms propres un peu kilométriques, à la syllabation et à la phonétique un peu gutturales sur les bords. Et c’est la toute première fois en 40 ans qu’une Conférence générale de l’UNESCO s’est délocalisée hors siège.

 

Presque trois (3) jours de voyage en aller et retour :

Le plan de vol pour s’y rendre est tout sauf un vol direct. Il fallait dans notre cas d’espèce prendre la compagnie aérienne Ethiopian jusqu’à Dubaï en passant par Addis Abeba naturellement. A partir de Dubaï monter à bord de Ouzbékistan Airways pour atterrir dans la capitale Tachkent (un clin d’œil au pionnier du cinéma togolais Jacques Do Kokou) avant de continuer avec la même compagnie aérienne nationale pour arriver à Samarcande.

Le voyage retour selon le même plan de vol s’est soldé par une nuit passée à Addis Abéba en terre éthiopienne.

Le manger à bord de Ouzbékistan Airways :

Sans être gourmand, le service gastronomique à bord de cette compagnie tranche en qualité et en quantité avec les autres compagnies par expérience. On aurait pensé à un plat pour deux ou trois personnes.

Le choc thermique :

Dans la première moitié du mois de novembre, avoir des températures tendant vers zéro degré ne surprend pas quand on est aux portes de la Russie. Venant d’Afrique de l’Ouest, la pilule est dure à avaler même si on est de passage et qu’on n’en a pas pour longtemps.

Le choc linguistique (ouzbek, tadjik et russe) :

L’ouzbek est une langue appartenant au groupe des langues turciques de la famille des langues altaïques, parlée par plus de 50 millions de personnes.

La présence du tadjik s’explique par la proximité géographique avec le Tadjikistan

Le russe relève de l’héritage de l’histoire actualité.

L’anglais reste plutôt élitiste.

Le français alors…

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Les hommes grands de taille :

Les Ouzbèks rencontrés, surtout les hommes en uniforme sont grands de taille. Au même moment que c’est impressionnant, cela tranquillise en donnant une véritable assurance.

L’architecture monumentale et urbanité :

« Il n’y a véritablement d’habitat qu’humain. Les autres vivants se protègent ou s’abritent dans des trous, des tanières, des grottes, des refuges aléatoires. L’homme seul conçoit et se construit réellement une habitation, une demeure, une maison. C’est obsession primordiale de l’homme : créer où vivre. Avoir un toit qui l’abrite, qui protège sa vie, qui le distingue, qui le réjouit » reconnait Théo ANANISSOH.

Que ce soit à Tachkent ou à Samarcande, ce sont des villes de fières allures avec une architecture mêlant le modernisme au soviétisme avec une emphase sur les volumes sur fond d’une surabondance d’ornements On a en face un baroquisme qui ne dit pas son nom.

Ici l’urbanité a quelque chose de différent sauvegardant et valorisant l’ancien tissu urbain qui est même classé sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le tremblement de terre :

Un séisme a eu à secouer la zone et les témoins ont évoqué des lampes électriques et des meubles bouger. Plusieurs secousses ont eu lieu dans la région en novembre 2025, notamment un fort séisme en Afghanistan (près de Samangan) le 03 novembre 2025, touchant aussi les provinces voisines de Balkh et Kunduz, avec des victimes, et des secousses mineures en Ouzbékistan et au Kirghizistan. L’Ouzbékistan étant une zone sismique, des tremblements de terre de faible magnitude y sont fréquents, mais l’événement majeur de début novembre a été celui du 03 novembre en Afghanistan, ressenti dans les toutes les régions frontalières.

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Les immenses salles de réunions

« Celui qui vit dans une maison spacieuse voit le monde différemment de celui qui est confiné dans une étroite pièce » avertit ANANISSOH.

Les salles de réunion où ont lieu les différentes sessions de la Conférences générale de l’UNESCO ont presque noyé les participants par leur gigantisme un peu comme pour donner raison à l’auteur togolais : « qui n’a jamais eu d’espace à lui ne pense pas jardin, parc, excursion, agrément spatial. »

La sécurité à outrance

Le pays semble être sur le pied de guerre avec des hommes en uniforme un peu partout surtout aux abords du complexe qui abrite l’évènement.

Le document du visa élégant

L’autocollant du visa apposé dans le passeport est d’une élégance dominée par une couleur qui tend vers le bleu turquoise. Du jamais vu un pareil design de visa de si courte durée !

La route de la soie

De Tachkent à Samarcande par la route. Il s’agit d’une belle aventure sur une voix bien faite sur une durée de quatre (4) heures de temps d’horloge.  Cette route de la soie commence en Chine, point de départ historique de la route, plus précisément à Xi’an, l’une des capitales impériales de la Chine. Vous traverserez ensuite le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Iran et la Turquie.

Tachkent la capitale de l’Ouzbékistan et Samarcande, la ville touristique sont comme « une perle irrégulière », une perle qui peut être de belle eau, mais qui perd de son prix faute d’être parfaitement ronde. Il s’agit plutôt d’une perle d’une rare extravagance.

 

Adama AYIKOUE,

Gestionnaire de Patrimoine culturel

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