De manière inattendue, Nathalie Bitho, Administrateur provisoire de l’Hôtel Sarakawa depuis décembre 2016, a été déchue de son poste pour des raisons de « mauvaise gestion ». L’affaire soulève bien des questions, et son éviction semble s’accompagner de nombreux non-dits.
Selon les éléments croisés par le média ‘’Le Tabloïd’’, l’éviction précipitée de l’expert-comptable a surpris autant le personnel de l’hôtel que l’opinion nationale. Cette décision actée, le 14 février 2025, annonce le remplacement avec effet immédiat de Nathalie Bitho par le lieutenant-colonel Komlan Edem Agbényegan Gumedzoe. La passation de service, prévue le même jour, a pris tout le monde de court. Une employée, encore sous le choc, confie : « On croyait au départ à une plaisanterie, mais on a été tous surpris par le cours des événements ». Ce qui semblait être une simple formalité s’est donc transformée en un coup de tonnerre.
Salué pourtant pour la gestion efficace et exemplaire de cet hôtel, qu’est-ce qui a pu tourner en sa défaveur pour se retrouver limoger? L’argument avancé par certains est celui de la mauvaise gestion. Pourtant, difficile de croire que la gestion d’une femme qui a réussi à redresser l’hôtel en si peu de temps puisse être qualifiée de mauvaise. Nathalie Bitho, au contraire, a fait preuve d’une grande compétence et d’une gestion méticuleuse.
Des performances exceptionnelles
À son arrivée à la tête de l’Hôtel Sarakawa, la situation de l’établissement était loin d’être florissante. Mais en quelques années, Nathalie Bitho a réussi un redressement spectaculaire. Elle a piloté des travaux de rénovation majeurs, réhabilitant plus de 100 chambres, la cuisine, le système de climatisation, la plomberie et bien plus encore. Son travail de modernisation a permis à l’hôtel de se rétablir financièrement et de retrouver une place de choix sur le marché.
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Lors d’une interview en juillet 2024, elle déclarait fièrement : « Quand je suis arrivée, il y avait 98 personnes comme effectif. Aujourd’hui, il y a plus de 300 personnes qui travaillent à temps plein comme salariés ». Un exemple frappant de sa capacité à redynamiser les ressources humaines et à transformer une entreprise en difficulté.
Sous sa direction, l’hôtel a aussi connu une avancée technologique significative. En août 2023, elle a inauguré une centrale photovoltaïque de 500 KWc, un investissement de 496 millions de FCFA qui permet désormais à l’hôtel de réaliser une économie annuelle de 650 millions de FCFA sur ses factures d’électricité. Cela représente 70 % de la facture d’électricité antérieure, qui frôlait le milliard de FCFA chaque année. Ce succès financier a permis, par ailleurs, de financer la rénovation de l’Hôtel Le Bénin (rebaptisé Hôtel Lébénè), pour un montant de 3 milliards de FCFA.
Le désormais ex-administrateur provisoire n’a pas seulement redressé un hôtel. Elle a démontré qu’une gestion rigoureuse et stratégique pouvait aboutir à des résultats spectaculaires.
Des soupçons de manipulation
Alors, pourquoi une telle éviction ? Certains éléments suggèrent que la véritable cause pourrait être bien différente de celle invoquée. Un épisode troublant semble avoir marqué le début de la fin pour Nathalie Bitho. Le 29 janvier 2025, une visite ministérielle a eu lieu à l’hôtel, en l’absence de la directrice. Selon les sources internes, cette visite aurait été précédée de manœuvres peu claires, notamment l’arrivée d’une équipe se réclamant de la Présidence pour procéder à des relevés topographiques. Le personnel, sur ses gardes, a refusé de coopérer sans l’ordre officiel de l’institution mandatante. Bitho, fidèle à son exigence de rigueur, a insisté pour que cette équipe se munisse d’un « document de la Haute autorité les autorisant à réaliser ce travail ».
Cette attitude, perçue comme une forme de résistance, a-t-elle conduit à sa chute ? Les observateurs n’écartent pas cette hypothèse. Selon des confidences, Nathalie Bitho aurait fait preuve d’un professionnalisme sans compromis. Il semblerait que son refus de céder à certaines pressions l’ait rendue vulnérable. « Beaucoup de gens se font loger et nourrir des semaines ici, au nom de la présidence de la République ; mais après vérification, il s’avère souvent que ce sont des mensonges et juste des trafics d’influence », confie une source proche de l’affaire.
Une gestion sous haute surveillance ?
L’éviction de Nathalie Bitho pose la question du rapport de force au sein de l’appareil d’État et des pressions exercées sur ceux qui, comme elle, tentent de rétablir l’ordre et de redresser des structures en déliquescence. Pour certains observateurs, l’incapacité de Bitho à se laisser faire pourrait l’avoir mise sur la sellette. Peut-être est-elle devenue une cible à cause de sa gestion irréprochable, devenue gênante pour des intérêts particuliers.
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Certains évoquent même une cabale montée par ceux qui se sentent éclipsés par les résultats de l’experte-comptable. Ces manœuvres pourraient être l’expression d’un règlement de comptes de la part de ceux qui, au sommet de l’État ou dans les coulisses du pouvoir, ne supportent pas la lumière portée sur ses réussites.
Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur le limogeage de Nathalie Bitho. Mais son travail à la tête de l’Hôtel Sarakawa est loin d’être une histoire de mauvaise gestion. Bien au contraire, elle a réussi là où d’autres ont échoué, redonnant vie à un établissement en ruines et contribuant au développement économique du pays.