Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a mis en garde contre les graves répercussions qui pourraient entraîner pour l’Afrique les récentes augmentations des droits de douane décidées par le président américain Donald Trump.
Dans une interview accordée à des journalistes en marge des 60èmes assemblées annuelles de la BAD, M. Adesina a indiqué mardi que 47 des 54 pays africains seraient directement touchés par les augmentations des droits de douane américains. Selon lui, cette politique commerciale pourrait provoquer une inflation importée dans les pays dépendants des importations, sans compter un alourdissement du service de la dette souvent libellée en devises étrangères.
« Lorsque ces devises s’affaibliront, deux choses se produiront : premièrement, la plupart de ces pays, dépendants des importations, seront confrontées à une inflation élevée ; deuxièmement, le coût du service d’une dette libellée en monnaie locale, mais contractée en devises étrangères, s’alourdira », a-t-il expliqué.
Au moins 22 pays africains, dont le Lesotho, Madagascar, Maurice, le Botswana, l’Angola, l’Algérie et l’Afrique du Sud, font face à des droits de douane accumulés pouvant aller jusqu’à 50% sur la quasi-totalité de leurs produits. Le président de la BAD déplore cette situation aggravée par les réductions budgétaires dans les programmes de l’USAID qui portent déjà l’accès aux fournitures médicales essentielles et aux services humanitaires dans plusieurs pays. M. Adesina a insisté sur l’importance d’éviter une confrontation commerciale avec Washington.
« L’Afrique ne peut pas se permettre une guerre commerciale avec les Etats-Unis », a-t-il averti, rappelant que le continent ne représentait que « 1,2 % du commerce mondial américain, soit environ 34 milliards de dollars avec un excédent de 7,2 milliards ».
Adesina plaide pour une réorientation des partenariats commerciaux de l’Afrique, la diversification des marchés et l’accélération de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), estimée à 3.400 milliards de dollars. Il insiste également sur la valorisation des ressources naturelles stratégiques comme le cobalt et le lithium pour renégocier des accords équitables avec les puissances mondiales.
Rejetant tout alignement exclusif, le président de la BAD a fait remarquer que « l’Afrique construisait des ponts, pas des murs » et recherchait des partenariats transparents, équilibrés et centrés sur ses intérêts propres. M. Adesina achève son deuxième mandat de cinq ans à la tête de la BAD.
Son successeur sera élu jeudi parmi les cinq candidats en lice, le Sénégalais Amadou Hott, le Zambien Samuel Munzele Maimbo, le Mauritanien Sidi Ould Tah, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli et la Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala.
Xinhua