En vue de restituer les objets culturels spoliés en Afrique pendant la période coloniale, la France et l’Allemagne ont lancé dernièrement, un fonds commun de recherche. Ce fonds financé à parts égales par Paris et Berlin, s’intéresse aux objets d’art en provenance des ex-colonies d’Allemagne et de France. Le Togo à la fois colonie allemande et française, est au cœur de ce projet de recherche.
La courte expédition allemande au Togo à l’époque coloniale a contribué au pillage de nombreuses œuvres culturelles togolaises. Plusieurs objets culturels se sont retrouvés ainsi dans les musées allemands. Depuis quelques années, les musées allemands ont fait un travail important sur les questions de provenance. D’après les experts, l’Allemagne est réputée disposer dans ses musées qui regorgent beaucoup plus d’œuvres provenant de pays africains que la France. Par ailleurs, la période coloniale française a fait aussi l’objet de pillage important d’objets culturels togolais.
Ce fonds en ciblant essentiellement les pays colonisés par l’Allemagne et la France, positionne à côté du Togo, le Cameroun. Deux des pays les plus concernés par ce fonds de recherche. Ce fonds vient donc renforcer la coopération bilatérale sur la question de restitution dans les deux pays. Il va permettre d’étudier la provenance des objets d’arts africains dans les musées allemands, mais aussi français. Géré par le Centre franco-allemand de recherche en sciences sociales Marc-Bloch sis en Allemagne, ce fonds est doté de 2 millions d’euros sur trois ans.
Le conseil scientifique du fonds est composé d’experts internationaux. Il est dirigé par le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne. Dans le Conseil, on retrouve également Bénédicte Savoy, co-autrice du rapport au président Macron sur la restitution des biens africains. Pour Émilie Salaberry, membre du comité scientifique du fonds franco allemands et directrice du musée d’Angoulême, la recherche de provenance est un enjeu important du mouvement de restitution des œuvres spoliées aux anciennes colonies. « Elle a pour but de reconstituer la manière dont l’objet a circulé dans le temps et dans l’espace jusqu’au musée », a-t-elle déclaré.
Comment un masque déterminé du Togo ou du Cameroun a-t-il rejoint tel musée européen ? Est-ce par pillage, vente ou don ? Combien de personnes ont servi d’intermédiaires ? C’est à toutes ces questions que devrait répondre le Conseil.
Cette démarche va ainsi permettre de jeter une lumière particulière sur l’histoire des objets culturels d’Afrique subsaharienne présents en Europe. La France qui a déjà restitué certains biens culturels au Bénin se joint à l’Allemagne pour une meilleure collaboration sur les questions de restitutions.
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