Les acteurs de filière de bois au Togo connaissent depuis un temps une situation peu reluisante. Au marché d’Abové, l’un des marchés caractéristiques de toute la filière dans notre pays, le constat est sans appel. Mais ces difficultés semblent supportables pour certains habitués confrontés à cette sorte de nuage de poussière fait de poudre de bois raboté dans les ateliers envahissant l’atmosphère et rendant l’air presque irrespirable.
Dans sa parution du 15 avril dernier, le journal L’UNION N°1535, relate cette forme du sommeil du marché à travers le vécu de bien des acteurs rencontrés sur le terrain.
« Cela ne gêne plus personne parmi nous, puisque c’est un peu ce que nous vivons ici presque tous les jours », explique Komi, qui dit se livrer à ce commerce du bois depuis près de dix-sept ans. « Nos clients viennent d’un peu partout dans la ville, et même des villages et des petites villes des environs de Lomé », affirme Charles. Une activité désormais très développée, entraînant la naissance d’une quantité impressionnante de petits métiers qui font vivre de nombreux débrouillards.
Le bois apporté par les camionneurs a toujours été déchargé par les « gros bras » dont l’activité principale consiste en cela. Pour Roger N’daya, manutentionnaire à Afric Bois, tout le monde peut exercer le métier, dès lors qu’il en est capable. « Le marché est assez vaste et plusieurs camions peuvent arriver à la fois. Tout le bois ne peut pas être déchargé avant le lever du jour si nous essayons de protéger le travail. Nous sommes à ce moment obligés de nous faire aider par d’autres personnes qui ne travaillent pas ici de manière permanente ».
Il explique qu’il peut aussi arriver que certains clients viennent avec une voiture qui doit porter le bois acheté, et ce sont encore eux qui sont appelés pour assurer cette tâche. Mais Roger se montre moins loquace dès qu’on aborde la question relative à son gain. « Les activités n’ont pas la même intensité tous les jours et en plus, tout dépend du type de bois, de sa forme et de son poids ».
Selon le journal, se référant à Maxime qui relève que le Teck, Iroko, Pachi, Bété, Bubinga etc.., découpés en lattes, madriers, chevrons à côté de ces jeunes gens au physique d’haltérophile et toujours couverts de poudre de bois, se trouvent les pousseurs un peu organisés en groupe. Aucun pousse-pousse extérieur n’a le droit de venir transporter des marchandises ici.
« Si nous ne veillons pas à cela, il nous sera difficile de travailler. Nous pensons que chacun doit avoir son marché et s’y consacrer pour gagner son pain. De plus, il y a certains clients de ce marché qui estiment que nous sommes trop chers et veulent faire venir des pousseurs d’ailleurs pour transporter leur bois, ce qui n’est pas bon du tout. Mais le travail est assez intense et rude en même temps. Parfois il faut traverser toute la ville avec un pousse-pousse bien chargé pour accompagner un client. Et si on ne connaît pas son chantier ou son atelier, on ne peut rien faire ». Un type de situation qui oblige souvent les pousseurs d’Afric Bois à lâcher du lest dans leur tentative d’embrigader le marché. La plupart du temps, il est simplement question de porter le bois dans un autre atelier de modelage pour exécuter quelques travaux.
« Quand il s’agit de petits travaux qui ne nécessitent pas de longs moments pour mesurer, dessiner et faire une conception préalable, je passe dès l’achat du bois dans cet atelier où j’effectue généralement mes travaux. Dans le cas contraire, je rentre d’abord faire tout cela chez moi, et je reviens ici après, pour rentrer plus tard faire les finitions », explique Edoh, un jeune menuisier, rapporte le bi-hebdomadaire.
Il souligne que d’autres ateliers par contre à l’instar de celui que dirige Paul Adouèmè, ne se livrent qu’à des activités privées. « Nous sommes des exportateurs et notre atelier nous sert à découper le bois pour le ramener aux dimensions exigées par le bon de commande de notre client. Nous le faisons aussi pour certains de nos partenaires qui font la même chose que nous».
Le marché est pourtant loin d’être un lieu tranquille, à en croire les plaintes de certains commerçants «Malgré la présence des gardiens, nous sommes toujours victimes de vol. En plus, comme nous allons parfois chercher le bois très loin de la capitale, c’est la guerre avec les agents des eaux et forêts, les policiers et les gendarmes qui estiment que nous gagnons beaucoup d’argent et qu’il faut aussi leur part », se lamente Mme Bariki.