Une dizaine d’officiers supérieurs des Forces armées togolaises (FAT) sont appelés à bientôt faire valoir leur droit à la retraite. Mais le nom d’un seul figurant sur cette liste crée presqu’un grondement de tonnerre dans l’opinion.
« Même les bonnes choses ont une fin », dit-on souvent… Ainsi, même les hommes les plus loyaux et les plus serviables finissent par mettre fin à leurs carrières, que cela soit par leurs volontés propres ou par le biais de la retraite. C’est le cas du colonel Yotroféï Massina, ancien directeur des services de renseignement et de la gendarmerie nationale. Officiellement, il a encore 3 mois pour sortir des rangs et partir à la retraite.
Il y a quelques jours, la ministre des Armées, Margueritte Essozimna Gnakadè a apposé sa signature au bas d’une liste d’officiers des FAT appelés à faire valoir leurs droits à la retraite. « Dans la limite de leurs droits, un congé libéral de 90 jours leur est accordé, valable du 03 octobre au 31 décembre 2022 inclus, délai de route y compris avec solde de présence », souligne l’arrêté ministériel.
Les officiers FAT admis à la retraite sont : col. Dolama Malana (armée de terre), col. Mangorgou Monigbeni (armée de terre), col Massina Yotroféi (gendarmerie), col Awizoba Kagniyade-Egoulou (gendarmerie), médecin-colonel Abalo Kodjo Patanaam (Services de santé des armées), col Akarim Warakoum (armée de terre), col Alider Kokou (armée de terre), lieutenant-colonel Tchassama Tchakinguéwé (armée de terre), capitaine Danigue Tchamititchan (Armée de Terre). Le colonel Massina n’est donc pas le seul sur cette liste…
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Pourquoi donc le cas Massina intéresse tant les Togolais ?
Il est perçu comme un redoutable et célèbre officier. Son nom a été abondamment, à tort ou à raison, cité dans plusieurs dossiers chauds dans notre pays par le passé.
Le colonel Massina était le directeur général de l’Agence nationale de renseignement (ANR) au moment de l’arrestation de Kpatcha Gnassingbé et ses coaccusés. Ces derniers avaient même été détenus à l’ANR pendant un moment. Mais, il y a eu des accusations de torture. Des enquêtes menées par la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) avaient reconnu certains faits.
A l’époque, à la suite de la publication de l’enquête l’ancien président de la CNDH, Koffi Kounté a dû quitter précipitamment le Togo pour s’exiler en Europe. On se souvient par ailleurs de comment un certain Abass Kaboua et ses amis du Collectif sauvons le Togo (CST) s’en prenaient au Col. Massina.
Lorsque le président Faure Gnassingbé avait nommé le colonel Massina à la tête de la gendarmerie, et de surcroît l’avait décoré, c’était comme s’il avait commis un crime. Sans doute, la grande muette a ses principes de fonctionnement que les non hommes de rang ne maitrisent pas. L’ancien directeur général de l’ANR avait donc une forte réputation au sein de l’opinion nationale. Normal que son départ à la retraite suscite tant de commentaires et frise presqu’un événement.
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