Un paradoxe alimente depuis quelques semaines les conversations au Nigeria et dans la sous-région. L’essence produite par la raffinerie du Groupe Dangote se vendrait plus cher sur son propre marché que dans certains pays voisins, notamment au Togo. Une situation qui nourrit des soupçons de dumping et attise les critiques.
À Abuja, l’Association nigériane des négociants en produits pétroliers et dépôts (DAPPMAN) a tiré la sonnette d’alarme. Elle accuse la raffinerie de pratiquer des tarifs préférentiels en faveur des acheteurs étrangers, alors que les distributeurs locaux seraient contraints de payer davantage. L’organisation cite un exemple frappant : un litre d’essence se vendrait environ 1 826 nairas au Togo, un prix jugé plus compétitif qu’au Nigeria même.
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La réaction d’Aliko Dangote n’a pas tardé. L’homme le plus riche du continent a balayé d’un revers de main ce qu’il qualifie d’« allégations fausses et trompeuses ». Pour son Groupe, la grille tarifaire demeure transparente, équitable et conforme aux normes en vigueur. Aucune politique discriminatoire, assure-t-il, n’oriente la vente de ses produits.
Alors, d’où vient l’écart qui alimente tant de soupçons ? La raffinerie invoque des facteurs logistiques. Les frais portuaires, de chargement et de déchargement au Nigeria seraient plus élevés que ceux facturés dans les terminaux offshore des pays voisins. De simples différences de coûts opérationnels, selon l’entreprise, qui créeraient une impression erronée d’inégalités de prix.
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Au-delà de la polémique, l’enjeu est crucial. Le Nigeria, premier producteur de brut d’Afrique, dépend toujours largement des importations pour satisfaire sa consommation locale. La mise en service de la méga-raffinerie Dangote avait nourri l’espoir de réduire cette dépendance et de stabiliser les prix. Or, le débat actuel révèle la sensibilité extrême de ce marché stratégique.
Le Groupe Dangote martèle son engagement à servir en priorité le marché intérieur, tout en répondant à la demande internationale. Mais la confiance se gagne difficilement. Pour l’heure, la controverse illustre une vérité simple : dans le secteur pétrolier, la perception des prix pèse presque autant que les réalités économiques.