Avec 18,37 % des suffrages exprimés lors de l’élection présidentielle de 2020, Agbéyomé Kodjo est resté jusqu’à son décès la figure de la force renouvelée de l’opposition togolaise. Son passage de la vie à trépas, redistribue inévitablement les cartes, à moins de deux mois des élections législatives et régionales 2024. Son départ pourrait laisser un boulevard au parti au pouvoir ou catalyser l’émergence d’un nouveau leader au sein de la classe politique togolaise.
L’ancien Premier ministre et président du MPDD a connu une ascension lors de la dernière présidentielle de 2020. De 0,85% des suffrages obtenu lors de la présidentielle de 2010, Agbéyomé Kodjo est passé à 18,37% des suffrages en 2020. Et se classait ainsi en 2ème position après le vainqueur, candidat du parti au pouvoir, Faure Gnassingbé. En damant le pion à Jean Pierre Fabre, qui était jusqu’en 2020, le chef de file de l’opposition, Agbéyomé Kodjo, symbole de la résistance, a fait le choix de l’exil au lendemain de la présidentielle de 2020. Porté à cette élection par la Dynamique monseigneur Kpodzro (DMK), rassemblement de 7 partis politiques, Agbéyomé Kodjo a incarné pendant quelques brèves années, l’espoir de changement à la tête Togo pour l’opposition.
La DMK instituée et soutenue par feu, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, archevêque émérite de Lomé, a ainsi reçu la bénédiction d’une frange de l’électorat togolais. Ses électeurs lui ont accordé leurs confiances dans les urnes en 2020. En choisissant Agbéyomé Kodjo comme candidat de la Dynamique et en battant campagne à ses côtés, le prélat s’est investi corps et âme pour faire triompher son poulain. Suite aux déboires issus de l’échec du parti à remporter la présidentielle, le prélat tout comme Agbéyomé Kodjo s’exilent. Ils y meurent quelques années après.
Respectivement décédé le 9 janvier 2024 en Suède, puis le 03 janvier à Paris, Monseigneur Fanoko Philippe Kpodzro et Agbéyomé Kodjo laissent un grand vide derrière eux. Leur héritage commun, la DMK, avec des défections dans son rang, rien ne porte à croire qu’elle pourra relever le défi des prochaines échéances électorales. Rien n’est donc plus sûr pour l’avenir de ce regroupement, privé de ses principaux contenus. Avec la création de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) par les membres dissidents de la DMK, l’électorat de la Dynamique pourrait changer de fusil d’épaule. Mais, que cet électorat prenne l’option de voter pour la DMP n’est pas évident. Car il n’est pas plausible que ce regroupement puisse mobiliser l’électorat de la DMK.
L’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre FABRE, ne serait probablement pas le choix des membres de la DMK, compte tenu des tensions passées entre les deux groupes. Les militants pourraient également se rabattre sur le Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD). Ce qui n’est pas non plus évident, surtout après le départ du premier vice-président, Gérard Adja du parti. Les leaders politiques comme Gerry Taama du NET, Dodji Apévon des FDR pourront ravir le cœur des militants de la Dynamique. Pas si sûr, tout est dans le secret des dieux.
Les militants de la DMK pourraient se tourner peut-être au final vers la mouvance qui leur offrirait un meilleur lendemain. Le retour de grands acteurs politiques vers ce parti, pourrait conduire les militants à voter pour le parti au pouvoir.
Un autre leader charismatique, soit même un candidat indépendant émergera probablement. En quête perpétuelle de leader, l’électorat de la DMK finira par trouver le candidat le mieux-disant afin de lui accorder sa confiance.