Plus de 80 pour cent des transactions de paiement transfrontalières africaines, provenant de banques africaines, devaient être acheminées à l’étranger pour être compensées et réglées.
En quête de souveraineté financière, l’Afrique, un continent où la plupart des paiements par carte transitent par des systèmes mondiaux, entraînant des retards, une augmentation des frais et une perte de contrôle des données, vient de se doter d’une première carte de paiement panafricaine qui traite, le même jour et entièrement à l’intérieur du continent, les transactions entre les institutions publiques, les personnes et les entreprises africaines. Baptisée « PAPSSCARD », cette carte est le fruit d’un partenariat entre « Mercury Payment services » (MPS), une entreprise spécialisée dans les services de paiement basée à Dubaï en Émirats arabes unis, et le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), une plateforme numérique permettant de régler instantanément des échanges et des paiements intra-africains en monnaies africaines et de préserver ainsi les réserves en devises du pays.
Le PAPSS, lancé en 2022 par la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank), a été adopté par l’Union africaine (UA) comme la plateforme de paiement et de règlement devant appuyer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), un projet phare de l’UA. Permettant des paiements « rapides, sécurisés et abordables à travers les frontières africaines », la carte PAPSSCARD est destinée aux gouvernements, aux banques, aux commerçants et aux particuliers en Afrique, a indiqué Afreximbank, une institution financière multilatérale panafricaine dédiée au financement et à la promotion du commerce intra et extra-africain. Il s’agit de compenser et de régler les transactions « le même jour » entre les pays africains, a-t-on souligné.
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Conserver la valeur, les données et les avantages économiques en Afrique
En traitant les transactions « entièrement à l’intérieur du continent », PAPSSCARD conserve la valeur, les données et les avantages économiques en Afrique, a-t-on relevé. Aujourd’hui, la plupart des paiements par carte en Afrique transitent par des systèmes mondiaux, entraînant des retards, une augmentation des frais et une perte de contrôle des données, a-t-on rappelé.
« Pendant trop longtemps, la dépendance de l’Afrique à l’égard des systèmes de paiement extérieurs a entravé le commerce, augmenté les coûts et compromis le contrôle de nos données financières. PAPSSCARD a changé la donne. Elle nous permet de transférer de l’argent rapidement, en toute sécurité et à moindre coût à travers nos frontières. Il s’agit d’une étape transformatrice vers le renforcement du commerce intra-africain et la préservation de la valeur au sein du continent », a déclaré Benedict Oramah, président d’Afreximbank.
La carte de paiement « permettra de réduire les coûts pour les institutions publiques, soutenir l’innovation dans l’ensemble du secteur financier et élargir l’accès aux outils de paiement sécurisés et modernes pour les personnes et les entreprises à travers le continent », a dit, de son côté, John Bosco Sebabi, PDG par intérim de PAPSSCARD.
Réduire la dépendance aux réseaux étrangers
Pour Afreximbank, la carte de paiement fera progresser de manière significative la stratégie de l’institution financière visant à promouvoir l’inclusion financière et à stimuler le commerce intra-africain dans le cadre de ZLECAf, favorisant ainsi une économie africaine plus intégrée et autonome. L’Afrique déploie des efforts pour atteindre la souveraineté financière, et ce, en construisant des systèmes de paiement indépendants, en réduisant la dépendance aux réseaux étrangers et en stimulant l’intégration commerciale.
Plus de 80 pour cent des transactions de paiement transfrontalières africaines, provenant de banques africaines, devaient être acheminées à l’étranger pour être compensées et réglées, selon Afreximbank. Cela posait de multiples défis, allant des retards de paiement aux inefficacités opérationnelles et aux problèmes de conformité pour les divers systèmes de paiement régionaux.
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Les transactions du marché africain des paiements transfrontaliers devraient atteindre 1 000 milliards de dollars en 2035, contre 329 milliards de dollars en 2025, soit une croissance annuelle de 12 pour cent durant la décennie 2025-2035, selon un rapport publié en mai par « Oui Capital », une société de capital-risque axée sur l’Afrique.
dpa