À fin décembre 2024, la banque chinoise Eximbank détenait à elle seule plus du tiers (36,46 %) de la dette commerciale extérieure du Togo. Une position dominante qui illustre le poids grandissant de Pékin dans les financements structurants de l’Afrique de l’Ouest.
Sur un total de 1785,17 milliards FCFA de dette extérieure, la composante dite « commerciale » représente 567,79 milliards FCFA, soit près de 32 % du portefeuille. Une part non négligeable dans un contexte économique mondial tendu.
Sous la pression d’un contexte économique mondial incertain, le Togo affine ses choix financiers. En 2024, la structure de sa dette révèle une tendance marquée : les créanciers commerciaux prennent une place grandissante, avec en tête la Chine, qui s’impose comme acteur incontournable du financement national. Derrière les chiffres, se dessine une géopolitique de la dette où stratégie budgétaire et alliances économiques se croisent.
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Derrière la Chine, plusieurs autres créanciers se partagent le gâteau togolais : l’américain Cargill Financial avec 17,33 %, la française Société générale avec 10,96 %, le japonais Bank of Tokyo-MUFG à hauteur de 10,83 %, et l’indienne Eximbank (7,7 %). Un panel révélateur de la diversité des partenaires du Togo, entre puissance émergente, géants occidentaux et alliés asiatiques.
Un portefeuille lourd mais encore sous contrôle
À l’échelle macroéconomique, la dette publique du pays atteint désormais 4217,73 milliards FCFA, représentant 69,16 % du produit intérieur brut (PIB). Si ce chiffre peut inquiéter, les autorités rassurent : la maturité moyenne du portefeuille est de 6,67 ans, ce qui permet de lisser partiellement les remboursements dans le temps.
Mais l’alerte est donnée concernant la dette intérieure, dont la courte maturité expose le pays à des risques de refinancement accrus.
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Des taux en hausse, des marges de manœuvre réduites
Autre signal à surveiller : la montée du taux d’intérêt implicite de la dette, passé de 3,79 % en 2023 à 4,14 % en 2024. Cette augmentation est principalement liée au coût plus élevé des emprunts sur les marchés commerciaux, dans un contexte marqué par l’inflation mondiale et les tensions géopolitiques.
Face à cette configuration, le gouvernement togolais mise désormais sur une mobilisation renforcée des ressources concessionnelles, moins coûteuses et plus stables. La soutenabilité de la dette dépendra fortement de la réussite de cette stratégie, mais aussi de la capacité du pays à négocier habilement avec ses créanciers stratégiques, à commencer par la Chine. Dans un monde où la géopolitique se mêle à la finance, chaque emprunt devient un acte diplomatique.