Il s’est éteint en Suisse, loin de sa terre natale, ce 23 avril, à 91 ans. Eugène Koffi Adoboli, ancien Premier ministre togolais, laisse derrière lui un héritage aussi éclatant qu’énigmatique. Haut fonctionnaire international devenu homme d’État, sa trajectoire est celle d’un technocrate tombé dans le tumulte politique d’un pays en quête d’équilibre.
Né le 3 octobre 1934, Adoboli fait d’abord carrière à Genève, dans les cercles feutrés des Nations unies. Fonctionnaire à la CNUCED, inspecteur au sein du corps commun des Nations unies, il bâtit une réputation de rigueur et de compétence. Cette expérience lui a conféré une réputation de technocrate compétent, éloigné des luttes politiques internes de son pays.
Mais le destin bascule en mai 1999. Le président d’alors, feu Gnassingbé Eyadéma l’appelle à la primature. Le but est de redorer l’image du régime à l’approche du sommet de l’Organisation de l’unité africaine prévu à Lomé. Homme neuf, sans passé politique sulfureux, il devient alors l’incarnation d’un Togo tourné vers l’espoir et l’avenir. Pourtant, cet espoir se brise vite. Le 27 août 2000, au lendemain d’un vote de censure inédit de l’Assemblée nationale, il remet sa démission. Un an à peine au sommet du pouvoir.
Puis vient le temps des accusations. « Il a été condamné à 5 ans de prison par la Cour d’assise de Lomé. » Détournement de fonds, mandat d’arrêt international, exil. Depuis la Suisse, il clame son innocence, arguant avoir utilisé ses propres ressources pour financer certaines activités gouvernementales. En 2017, une grâce présidentielle met fin à son exil judiciaire, mais pas aux doutes.